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 Carte du tendre

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AuteurMessage
Jules B
Poète
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Nombre de messages : 422
Localisation : 92
Date d'inscription : 18/03/2012

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MessageSujet: Carte du tendre   Carte du tendre EmptyJeu 14 Juin - 8:54

L'encre a séché. La plume grince figée
sur le papier. Cette page demeure
blanche en grande griffures désespérées.
Sont-ce là celles de ce stylo mince,

aride ou de ce chaton, poils soyeux et ronronnant,
tête envahissante qui pousse mon bras
en grands traits sur la page comme griffonnant.
Dis-donc bestiole ! Evitons embarras.

Ma muse est femme délicate et c'est
avec délicatesse qu'on l'éveille, non
à grands coups affectueux ou en un accès
tonitruant de cymbales ou autre son.

En musique de chambre oui, mais pas là
en cette orchestration violente.
Préférons la raison, en roses falbalas,
et à l'orage brûlant, la douceur lente.

Ta queue sur ma jambe, ce métronome obstiné,
remet en marche la troupe de mes vers.
Voici une cadence qui, nouvelle née,
émerge libre en alertes vers ouverts.

Deux sons forts résonnent dans cette pièce,
ronronnement vif stupide et crissement
nerveux de cette plume qui acquiesce
sur le rectangle blanc de mon abattement.

L'alliance incongrue du chat et de la
plume, qui pour une fois font bon ménage.
Ce chaton binaire en sa robe à la
pie noire et cette cervelle qui nage

vide, libère donc mon inspiration.
Quand je subis son joug et ses miaulements
si tendres en sa calme respiration.
Alors je pense un regard en acajou.

Ses yeux qui louchent confiants fixes et verts,
vacuité sans réflexion ni rien
de plus qu'une affection peu sévère,
sondent mon lac froid, bleu et luciférien.

Ils y touchent terre inconnue, riche de
promesses, douceur ambres, non tenues.
Une déception, illusion sourde,
conséquence de mon manque de retenue.

Hélas, la carte qui jadis en indiquait
le chemin est perdue à moins qu'elle ne soit
détruite ? Qu'en sais-je ? C'est un peu compliqué.
A trop croire et trop rêver on se déçoit.

Depuis le rivage, on ne voit donc qu'une
courte plaine qui s'interrompt là aux pieds
de monts couronnés d'orage sous la lune,
en éclairs vifs, illuminations, guêpiers

fugaces qui assombrissent la nuit après
chaque éclat. Un éclair puis la sombre nuit,
un monde aperçu sans le moindre apprêt,
comme ballet satanique après minuit.

Il faut trouver le pic de la solitude glacée
et en franchir les cols acérés et venteux
seul, bordé par l’abîme avide lissé
et la montagne froide, paysage honteux.

La montée est lente, progression brisée
et obstinée. Ni avant ni arrière, là
juste le mouvement aveugle apaisé
de mes jambes raides, je me sens raplapla.

Le cœur est ma boussole et le but se perd
dans la fatigue de cette ascension.
Il faut avancer, penser à tes beaux yeux pers,
un mouvement sans aucune rémission.

Enfin, tu parviens au plateau des tendres
conversations. Un plateau enserré
comme un cirque, une attraction
ce coin de ciel bleu au milieu des cendres

de ces nuées; c'est là le lieu idéal
des déjeuners sur l'herbe. Le temps suspendu,
rien ne semble s'y passer ; endroit banal,
c'est un jardin pour des délices détendus.

C'est un enclos calme et un enclos quiet,
souhaites-tu y rester en équilibre,
une épreuve de l'âme pour l'inquiet ?
Où pour avancer seras-tu malhabile ?

Avancer soit, mais vers où donc? Deux voies s'offrent
à moi à l’extrémité de cette vallée.
Vers la droite je crois distinguer un pauvre
mais aimable sentier, sinueux lacets

qui toujours te remmèneront vers ce plateau,
sans autre promesse que la promenade,
une activité calme, un peu bateau.
La voie de gauche semble être aubade,

en sa rivière, de sentiments gonflée.
Ah de l'audace et encore de l'audace.
C'est hélas la plaie de mon ego si enflé
qui toujours me met dans la noire mélasse.

Alors bien sur je me jette donc à l'eau.
Mais ce courant que je souhaitais passion
est un torrent brutal et narquois, un fléau.
Oui c'est un bourreau, en peine d'exception.

Me voici rejeté hors de cette onde,
assis sur une pierre froide dure ;
J'appelle sans que nul là ne me réponde.
Ce flot que je souhaitais ami, eau pure

est mon juge sans appel, mon cruel bourreau.
Dans le désert des illusions perdues ;
Echoué tremblant tel un petit lapereau,
comme si je ne m'y étais pas attendu.

Derrière moi, le torrent coule à pic
en flux majestueux, masse écrasante
indifférent comme un froid venin d'aspic.
le long de la gorge froide éclatante.

Devant moi s'étend une vaste plaine,
un vrai silence hurlant à perte de vue
sans même femme en image lointaine.
C'est un lieu improbable, un imprévu.

Une vaste étendue blanche en cette
vive lumière que rien n'atténue,
en son silence où ici tout s'arrête
sans même émettre un léger bruit ténu.

Une étendue grise en poussière
que nulle brise et nul souffle n'agite
celle des fantômes de demain et d'hier.
Un vrai rêve confortable pour ermite.

Quelques traits noirs s'inscrivent sombres au ciel :
le regret, l'angoisse, le découragement,
en leurs vastes et lents cercles pleins de fiel,
de volatiles hagards dans ce firmament

Ce lieu loin de toute présence amie
est enfer, digne religion romaine.
Je refuse cette sinistre infamie,
en simulacre triste de quarantaine.

Je contemple cette si haute falaise.
Je ne m’escrimerai à vouloir l'escalader
et ne débiterai aucune fadaises
comme une mouche restant pétarader.

Soit le temps en sa sagesse l'érodera,
ce qui ne sera pas une bagatelle,
soit inflexible, muette demeurera.
J'avance car tout chemin mène à elle.

Ce désert ne sera pas enfer qui lance
à la rigueur purgatoire qui conforte
mes sentiments fermes sans la violence
de la passion, épreuve d'autre sorte.

Le temps de la traversée, longue errance,
piètre épopée en longue odyssée,
parfois avec en mon cœur une romance,
je me souviendrai bien que harassé

de la carte à force de la recréer
tous les soirs pour m'y draper et me réchauffer
en ces nuits si solitaires à maugréer
quand il faudra enfin mes rêves étoffer

sans mon étoile. Mon cœur sera mon compas.
Mes bras vers elle seront un astrolabe
qui me guidera. J'avancerai pas à pas.
De son nom j'épellerai chaque syllabe.

Ainsi tâtonnant je progresse et je vais,
titubant, avançant de ci et aussi de là,
encore présent, ni meilleur ni plus mauvais.
Parfois j'arbore œillet, habit de gala.

C'est ainsi, je refuse de me morfondre
alors je vais sans confondre rêve perdu,
l'objet de cette quête, théâtre d'ombre,
espoir de toucher un jour au fruit défendu.

Un sourire aux lèvres je tends cette main
devant moi en un obstiné tâtonnement
espérant qu'elle sera au bout du chemin.
Fidèle, je lui ai fait un ferme serment.

Sinon, arrivé à ce qui n'est pas mon but,
je redresserai la courroie du havresac
en sifflotant gaiement un vieil air pour luth
en me dirigeant vers un autre bivouac.

Et j'irai à droite à travers la forêt.
Les oiseaux y chanteront joyeux un air fier
alors que d'un pas alerte j'avancerai
et je trouverai enfin une clairière

près du ruisseau où m'allonger paisible pour
écouter grenouilles, libellules, muet
comme une carpe flasque profitant du jour.
Juste feindre s'occuper à le temps tuer.

Allongé sur cette douce verte mousse,
je songe, je rêve de cette absente
en écoutant indolent l'herbe qui pousse,
et rêvant du regard ambre d'une amante.
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