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 Un prémisse en prose d'un poème futur - une carte du tendre

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AuteurMessage
Jules B
Poète
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Nombre de messages : 422
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Date d'inscription : 18/03/2012

Un prémisse en prose d'un poème futur - une carte du tendre Empty
MessageSujet: Un prémisse en prose d'un poème futur - une carte du tendre   Un prémisse en prose d'un poème futur - une carte du tendre EmptySam 9 Juin - 13:49


Pourquoi ce texte en prose ? Parce qu'il est le prémisse d'un poème.

L'encre a séché et la plume grince figée sur le papier. La page demeure blanche en ses griffures désespérées. Sont-ce celles de ce stylo aride ou de ce chaton, poils soyeux ronronnant et tête envahissante qui pousse mon bras en grands traits sur la page.
Dis-donc bestiole ! Ma muse est femme délicate et c'est avec délicatesse qu'on l'éveille, non à grands coups affectueux ou en tonnerre de cymbales retentissantes ; en musique de chambre oui, mais pas en orchestration violente.
Préférons la raison et la douceur lente à l'orage tumultueux des sentiments.

Ta queue sur ma jambe, métronome obstiné, remet en marche la troupe de mes vers. Voici qu'une cadence émerge à nouveau, en prose libre et désordonnée. Qu'importe, nous versifierons plus tard.

Deux sons résonnent dans la pièce, un ronronnement stupide et le crissement nerveux de cette plume sur le rectangle blanc de mon imagination. L'alliance incongrue du chat et de la plume, qui pour une fois font bon ménage. Ce chaton binaire en sa robe pie noire et sa cervelle vide, libère alors mon inspiration en sa calme respiration.

Ses yeux qui louchent confiants et verts, sans réflexion ni rien de pervers sondent mon lac froid et bleu et y touchent terre inconnue, riche de promesses de douceur ambres, non tenue en conséquence de mon manque de retenue.

Hélas, la carte qui en indiquait le chemin est perdue à moins qu'elle ne soit détruite ?
Qu'en sais-je ?

Depuis le rivage, on ne voit qu'une courte plaine qui s'interrompt aux pieds de monts couronnés d'orage en éclairs vifs, illuminations fugaces qui assombrissent la nuit après chaque éclat.

Il faut retrouver le pic de la solitude glacée et en franchir les cols acérés et venteux seuls, bordés par l’abîme avide et la montagne lisse. La montée est lente, progression obstinée. Il n'y a ni avant ni arrière, juste le mouvement aveugle et obstiné de mes jambes raides, le cœur est ma boussole et le but se perd dans la fatigue de l’ascension, mouvement sans rémission.

Enfin, tu parviens au plateau des tendres conversations. Un plateau enserré comme un cirque, un coin de ciel bleu au milieu des nuées ; c'est le lieu idéal des déjeuners sur l'herbe. Le temps est suspendu et rien ne semble s'y passer ; c'est un jardin de délices quiets et épreuve de l'âme pour l'inquiet. Souhaites-tu y rester de peur de rompre l'équilibre fragile ou las de tergiverser, choisiras-tu d'avancer ?

Avancer soit, mais vers où ? Deux voies s'offrent à toi à l’extrémité de cette vallée.
Vers la droite il te semble distinguer un aimable sentier en ses lacets qui toujours te remmèneront vers ce plateau, sans autre progrès que la promenade, une activité.
La voie de gauche semble plus prometteuse avec sa rivière de sentiments gonflée.

Ah de l'audace toujours de l'audace. C'est la plaie de ton tempérament hélas qui toujours te met dans la mélasse.
Alors bien sûr tu te jettes à l'eau. Mais cette rivière que tu souhaitais de passion est un torrent brutal et narquois et voici rejeté hors de cette onde sans que nul ne te réponde. Ce flot que tu souhaitais ami, cette eau est ton juge et ton bourreau. Te voici échoué au pied de la falaise dans le désert des illusions perdues ; tu ne t'y étais pas attendu.

Derrière toi, l'à-pic dont coule ce torrent comme venin d'aspic. Le long de cette gorge froide et lisse, les flancs sont retirés et n'offrent pas de prise.
Devant toi cette vaste et vide plaine, à perte de vue sans même femme lointaine. Une vaste étendue blanche en sa lumière que rien n'atténue, en son silence sans même bruit ténu. Une vaste étendue grise en sa poussière des fantômes passés d'hier et que nulle brise, nul souffle n'agite. Un vrai rêve confortable d'ermite.

Quelques traits noirs au ciel : les regrets, l'angoisse et le découragement. En lents cercles plein de fiel, ces volatiles goguenards dans ce fuligineux firmament me narguent, voyageur en rade parti au grand largue. Ce lieu loin de la présence amie est un enfer digne de la religion romaine. Soit je n'y demeurerai pas en cette triste quarantaine et en refuse l'augure du plus profond de ma déconfiture.

Je contemple cette falaise. Je ne débiterai pas de fadaises ni ne m’escrimerai à vouloir l'escalader comme une mouche inopportune à pétarader. Soit le temps en sa sagesse l'érodera, soit inflexible elle demeurera. En attendant j'avance car tous les chemins mènent à elle. Ce désert ne sera pas mon enfer, à la rigueur le purgatoire des âmes fortes en leur conviction, vivantes non mortes.
Le temps de la traversée en longue errance, parfois avec au cœur une romance, je me souviendrai bien de la carte à force de la recréer tous les soirs pour m'y draper et me réchauffer en ces nuits sans mon étoile. Mon cœur sera mon compas, j'avancerai pas à pas. Mes bras tendus vers elle seront astrolabe et de son nom j'épellerai chaque syllabe.

Ainsi tâtonnant je progresse et je vais, titubant ni meilleur ni plus mauvais. Parfois, à l'ombre d'un rocher je laisse un signe de mon passage, une case cochée espérant qu'un regard amical daigne s'y poser en cette retraite quasi monacale.

C'est ainsi je refuse de me morfondre alors je vais sans confondre le rêve perdu, l'objet de cette quête et la réalité théâtre d'ombre, maquette. J'avance et je tends la main espérant qu'elle sera au bout du chemin.

Sinon, arrivé à ce qui n'est pas mon but, je redresserai la courroie de mon havresac et irai à droite à travers la forêt. Les oiseaux y chanteront et je trouverai sans doute une clairière près du ruisseau où m'allonger paisible pour écouter grenouilles et libellules, muet comme une carpe. Allongé sur cette douce mousse en écoutant l'herbe qui pousse.
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