Vers en déraison

Vous êtes ma dame la raison de ma folie.
Vous voir tendre mie est oraison de ma raison.
J’aime quand vous rosissez, quasi pâmoison
et vos joues témoignent de ce qui là nous lie.
 
En discrets murmures, délicates paroles,
nous dansons pavane de cœurs qui se cherchent
en tendre pudeur sans  jamais vendre mèche,
valse hésitante, valse lente, non frivole.

Je vois un jardin printanier, verts rameaux
gonflés de sève, un vert désir qui enfle.
Sortir de la gangue hivernale, un souffle
de vie qui renaît flottant gai comme plumeau.
 
Allons douce amie, osez donc sourire.
Oui, nous connûmes bien des outrages
mais nous sommes ensembles, aussi courage
nous bâtirons tous deux un havre de rire.
 
Dans ce lieu, votre palais si intime,
nul butor ne force la porte. Il y faut
être prié, invité, savoir sans défaut
se comporter, noble, élégant sans frime.
 
Là en son repos est ma douce et chère
dame. En ses robes élégantes au bord
de l’étang elle voit les oiseaux fuir le nord
et sa bise aigre, poison délétère.
 
Parfois, une carpe paresseuse trouble
la surface, et la grenouille sursaute
sur son nénuphar, lumière qui flotte
sur l’onde en ces reflets brisés et doubles.
 
Une fois montrant le ciel en son azur ;
l’autre montrant ces profondeurs qui vous effrayent.
Vous y imaginez ici tant de secrets.
Alors à la surface flottons. C’est plus sûr.
 
Sereins, détendus, gazouillons la romance
de ceux qui un jour s’aimeront enfin heureux,
arrivés aux doux rivages des seuls amoureux
pour célébrer le couple par une danse.