Les nuages gris épais roulent sur les flots.
Les grains de sable dansent comme farfadets
poursuivant mouette, goélands, un complot
étrange en un ballet très bien rodé.
La bruine tombe obstinée, en cratères
froids sur ce sable gris de grève bretonne.
Les embruns se joignent à danse amère.
Taquinées par le vent, les vagues moutonnent.
Le varech en lignes vertes sur le sable,
un écrit linéaire de Poséidon,
un étrange message indéchiffrable.
Il faudrait être initié ou un don.
Côte à côte nous marchons dans ce vent.
Qu'importent la pluie, les frimas et embruns.
C'est là un moment comme je rêve souvent,
le cœur au chaud plongé ici dans vos yeux bruns.
Mon bras affectueux épaule enlace
en un geste naturel d'homme amoureux.
Votre tête sur mon bras se pose lasse.
L'océan, le ciel, les cris des macareux,
une ambiance marine et iodée.
Rentrons au chaud vers salon et belle flambée.
Je t'imagine déjà là-bas dénudée
et moi l’œil extravagant, crispé, bouche bée.
Mais si l'imagination est bien vive,
la marche reste lente sur cette plage.
Dans ce sable humide comme grives
nous titubons en prélude au voyage.
Nous partirons sur les mers ignorées du cœur
bercés par cette houle sentimentale,
écrivant nouvelle existence sans rancœur
et vie commune loin des rats et chacals.
Dessinons notre propre carte du tendre,
en suivant de nos doigts enlacés les courbes
de nos visages proches. Oui là prétendre
être ensembles est optimiste, non fourbe.
Chacun de mes soupirs et respirations
me renvoient au vide, ce grand manque de vous.
Mais vous êtes toujours mon inspiration,
ma muse si présente, c'est vrai je l'avoue.