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 Chroniques des Anges de Nëa (chapitre 3)

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AuteurMessage
Manu
Petit poète
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Chroniques des Anges de Nëa (chapitre 3) Empty
MessageSujet: Chroniques des Anges de Nëa (chapitre 3)   Chroniques des Anges de Nëa (chapitre 3) EmptyMer 1 Jan - 13:42

Chapitre 3 : L’envol

Les deux groupes armés semblèrent se ramasser sur eux-mêmes dans un seul mouvement. Tous se mirent au garde à vous et se placèrent dans les différentes mêlées d’hommes, une arme à la main.
D’un côté, les Leyfendäriens se mirent en route, les lanciers en rangs serrés et en première ligne. Les autres derrières, prêts à rentrer dans le tas dés qu’ils trouveraient une ouverture. De l’autre côté, les Sangraëiens, leurs boucliers en mains, s’apprêtaient à défendre leurs positions. Ils avaient quelques lances, mais en possédaient beaucoup moins que leurs ennemis.
Quelles étaient les chances qu’avait la Cité de tenir ?
Elijah le savait, les Leyfendäriens n’étaient pas de très grands guerriers. La plupart se contentait de savoir tenir une arme et de savoir comment tuer rapidement un ennemi. Rien de plus. Ils étaient surtout nombreux. Très nombreux. Leurs lanciers étaient généralement bons, habiles et assez rapides. Seuls des hommes expérimentés comme Elijah ou doués comme Ikâr pouvaient se permettre de les affronter en prenant des risques.
Mais les Sangraëiens avaient les murailles et les archers. Certes leurs archers ne pouvaient guère rivaliser avec ceux des elfes, et leurs arcs ainsi que leurs flèches faisaient pâle figure face aux armes elfiques, mais ils étaient bons. Et leurs flèches pouvaient voler loin et percer des boucliers. C’était tout ce qui comptait.
Elijah révisa le plan de bataille.
La première partie serait bien ordonnée : les deux armées se rencontreront de face et une ligne de front se dessinerait. Les deux camps frapperont de toutes leurs forces. On pourra aisément différencier les soldats de chaque camp. C’est là que les archers donneront tout ce qu’ils ont.
Puis une brèche apparaîtra à un endroit et on entrera dans la deuxième partie de la guerre, celle où le chaos régnera. On ne pourra plus faire de différence entre les deux camps. Les archers auront plus de mal à tirer sans risquer de blesser ou de tuer les leurs. Mais les officiers pourront intervenir directement et combattre. Elijah interviendrait. Et il se doutait qu’Ikâr se rendrait lui aussi sur le champ de bataille. Le jeune homme était d’ailleurs à côté de son cheval, réajustant son armure et nettoyant son arme en attendant qu’on l’envoie sur le champ de bataille. Il était un chevalier du Sangraë et il combattait en tant que tel, aux côtés de soldats qui avaient moins de privilèges que lui. Même s’il était dans son coin, il ne les ignorait pas. Il les saluait, un geste banal qui pouvait permettre aux hommes les plus banals d’accomplir des choses extraordinaires. Elijah en avait été témoin.
Il se rappela le conflit qui opposa le Sangraë au Düventir, Elijah avait été envoyé pour commander quelques hommes et mener un assaut qui devait frapper l’ennemi à revers. Et il y avait avec eux un voyageur des plus inhabituels : un elfe. Il s’appelait Hûrmèn. Il avait l’air d’avoir trente ans, mais en avait en réalité cent cinquante six, à ce qu’il disait. Il avait les cheveux noirs comme le charbon, courts et bouclés. Il avait des yeux verts, comme les feuilles des arbres de la forêt de l’Eleôs. Il disposait d’une force hors du commun et pouvait affronter cinq hommes de front sans en mourir. Les elfes ne sortaient pourtant jamais de leur forêt, sauf quand les conflits les concernaient ou qu’ils désiraient voyager.
Hûrmèn était l’un de ces elfes qui parcouraient le monde en quête de réponse. Et, en voyageant dans les différents royaumes des Humaë – c’étaient ainsi que les elfes appelaient les humains – il rencontra Elijah et ils devinrent d’assez bons amis. Quand Elijah lui avait dit qu’il devait s’absenter pour empêcher les troupes du Dürventir de raser leurs villes les plus éloignées, Hûrmèn insista pour l’accompagner.
Il ne put refuser. Même si le roi ne le voulait pas, il n’aurait pu le lui ordonner. Les elfes étaient au-dessus de tout, et surtout des humains. Ils avaient cette supériorité qui vous imposait le respect. Ce n’était pas de la vantardise. Un elfe avait quelque chose en lui qui vous poussait à le respecter comme s’il était votre roi. C’était une prestance naturelle chez eux. Et c’est ce charisme qui leur permit de remporter la bataille.
Mille deux cents Dürventiriens. Et avec Elijah, à peine plus cinq cents soldats, plus un elfe. La bataille semblait perdue d’avance. Les Sangraëiens ne s’avouaient pas vaincus tant qu’ils n’avaient pas combattus. Cependant, une angoisse profonde leur nouait le ventre, et ils perdaient de plus en plus confiance en eux à mesure que s’approchait l’heure de l’affrontement.
Elijah avait mis en place une stratégie assez efficace. Ils s’étaient placés sur les montagnes, des deux côtés d’un vallon. C’est dans ce vallon que devait passer l’armée du Dürventir ; il n’avait aucune raison de craindre une attaque car ils étaient plus nombreux que tous les bataillons ennemis signalés dans la région.
Mais une bonne stratégie ne suffisait pas. Elijah et Hûrmèn le savaient tous deux. Du coup l’elfe prit l’initiative d’aider certains soldats à la révision de leur matériel, il mangea avec eux et les encouragea par des mots simples. Tous les soldats admiraient les elfes, et ceux-ci admiraient encore plus Hûrmèn…
Le lendemain, ils se préparèrent à attaquer. Au moment où les soldats Dürventiriens furent au bon endroit, Elijah lança l’assaut.
Cent cinquante archers, la moitié d’un côté, l’autre moitié de l’autre, se mirent à tirer sur les soldats ennemis comme s’ils s’agissaient de lapins. Ils visèrent le milieu des troupes.
Avant qu’ils ne se dispersent, Elijah avait préparé deux autres groupes de soldats. Un qui les intercepterait devant, composé de deux cents soldats, et un autre qui leur couperait toute retraite derrière, de cent cinquante soldats. Elijah serait dans ce groupe là, tandis que Hûrmèn serait dans l’autre. Elijah voulait être sûr qu’aucun n’en réchapperait et pour cela il lui fallait être au plus prêt des fuyards potentiels.
Au bout d’une vingtaine de minutes, les archers n’avaient plus de flèches. Comme le leur avait ordonné Elijah, ils descendirent de leurs postes et attaquèrent les flancs des troupes ennemies.
Les combats furent violents, mais la stratégie mise en place leur donnait un avantage considérable. Lorsque les archers les rejoignirent dans la mêlée, il ne restait plus que huit cent soldats ; la plupart ayant péri sous leurs flèches et d’autres sous les coups d’épées des autres soldats Sangraëiens.
Ils avaient perdus quelques camarades. La situation faillit prendre une tournure presque tragique. Il y avait sept cent soldats ennemis toujours debout et ils n’étaient plus que quatre cents.
Mais c’est à ce moment là qu’Elijah comprit que le courage que peut insuffler un « héros » dans le cœur d’un soldat pouvait lui permettre d’accomplir de grandes choses.
Il avait vu l’un des leurs, une jambe en sang et un éclat de bois fiché dans l’épaule, tenir tête à trois soldats ennemis. Il réussit à les tuer tous avant de mourir quelques minutes plus tard.
Il avait observé un autre de leurs soldats, qui était encerclé par cinq hommes, se sortir de cette situation sans mourir. Il en avait tué deux et blessé sévèrement les trois autres, avant de se dégager et de se remettre en formation avec les autres.
Il vit plusieurs de ses soldats, qui ne se battaient pas souvent, faire des choses incroyables. Et cela, parce qu’Hûrmèn était à leurs côtés et parce qu’il les avait encouragé la veille. Il leur avait montré qu’ils n’étaient pas que des pions, ou de la chair à pâté qu’on envoie pour fatiguer l’ennemi.
Lui-même s’était joint aux humains et leur avait montré la voie. Il s’était mis en première ligne. Il était avec son épée, une lame aux reflets rouges qui semblait s’illuminer lorsqu’il poussait un cri féroce. Il découpait ses adversaires avant même qu’ils ne lèvent le petit doigt. Un coup de lame suffisait. Il cherchait à en finir le plus tôt possible avec un adversaire et à le tuer en un coup. Un ennemi neutralisé ne pourra plus faire de mal à nos alliés répétait-il lorsqu’ils en avaient parlé, Elijah et lui.
Finalement, au bout d’une heure, ils remportèrent la victoire. Ils n’avaient perdu que soixante huit hommes. C’était un exploit pour l’époque. Et c’est ce qui resta pour Elijah l’une de ses plus grandes réussites.
C’est aussi celle qui lui permit de se faire remarquer au roi de l’époque, Hëastel, et de progresser jusqu’à devenir général. Et aujourd’hui il servait le nouveau roi, fidèle à son poste.
Il se rapprocha d’Ikâr et s’assit à côté de lui. Il remarqua alors que ce dernier, contrairement aux autres, ne portaient pas de casque. Il lui demanda pourquoi. Et celui-ci lui répondit :
« Ca encourage mes adversaires à viser la tête. Du coup, je prévois encore plus facilement leurs coups ou leurs intentions.
- C’est risqué quand même…
- Oui et non. Quand on pense être protégé on a tendance à être plus confiant, voire trop confiant, et c’est là qu’on prend des risques…
- C’est juste… Qui vous a appris ça ? Votre maître, j’imagine ? devina Elijah.
- Oui.
- Ca devait être un grand homme.
- Un des meilleurs que ces terres aient porté.
- Quoiqu’il en soit, un casque ne fait pas de mal. Un bouclier non plus, fit remarquer le général.
- C’est vrai. Mais j’en ai déjà un, fit Ikâr en désignant un bouclier triangulaire aux côtés et aux angles légèrement arrondis, à l’exception de la pointe principale.
- Très bien. Vous vous joindrez à nous ?
- Evidemment. Je suis un homme du Sangraë. Je me battrais pour les gens de mon peuple, lui assura le jeune homme avec un regard plein d’assurance et de sérieux.
- Avez-vous déjà combattu dans une bataille de cette taille ? voulut alors savoir Elijah.
- Non, seulement dans des raids contre dix, quinze ou vingt hommes.
- Vous étiez seul ?
- Ca dépendait, jamais plus de trois ou quatre à vrai dire.
- Là vous serez entouré d’alliés et d’ennemis. Il vous faudra faire attention. On en a vu s’entretuer sans le vouloir, emporté par la fièvre des combats…
- Je ferais attention, général.
- Bien. Alors voici le rôle que je compte vous donner… »
Cinq minutes plus tard, le sol trembla. Des cris montèrent et des bruits de métal frappant le métal sonnèrent.
Les affrontements avaient commencé.
Ikâr, exécuta les ordres d’Elijah. Il monta à cheval et il rejoignit une centaine de cavaliers. Ils étaient prêts. Ils l’attendaient, lance à la main, bouclier dans l’autre. Pas de rennes. Leurs chevaux étaient dressés pour n’obéir qu’à leurs voix. C’était un travail long. Ces cavaliers s’entraînaient depuis qu’ils avaient dix ans et étaient des soldats d’élites. L’importance qu’ils accordaient à leurs montures était telle que leurs chevaux portaient une armure. Leur tête, leur poitrail, leurs jarrets étaient recouverts de pièces de métal plus ou moins larges destinés à les protéger de tout ce qui pourrait leur être mortel. Certains chevaux portaient néanmoins quelques cicatrices, et Ikâr devina que ces soldats s’étaient déjà battus lors de petites batailles.
Mais la somme de ces batailles, aussi insignifiantes puissent-elles sembler, faisaient d’eux des soldats expérimentés. L’ensemble était impressionnant. Ikâr avait entendu parler de la renommée des cavaliers d’autres royaumes, mais il ne savait pas que la Cité disposait de cavaliers aussi impressionnants.
« Les Leyfendäriens sont des cavaliers rapides, et ils sont très dangereux. Mais ils ont un point faible : leur nombre. Ils sont beaucoup plus nombreux, mais ils se gênent. J’ai pu le lire dans des récits rapportés par nos anciens généraux, lui avait expliqué Elijah pendant qu’Ikâr montait en selle. Sache que sans leurs chevaux, leurs cavaliers sont aussi impuissants au combat qu’un soldat qui perd une jambe. Fais surtout attention à leurs lances. Ils la manient avec une habileté que les autres peuples n’ont jamais su acquérir. C’est leur marque de fabrique. Et contrairement à ce qu’on peut penser, même avec des lances, ils se battent aussi farouchement que des lions. »
Ikâr observa alors les hommes. Il remarqua alors que la plupart des cavaliers étaient plus vieux que lui. Il se demanda s’ils n’allaient pas refuser son autorité, que lui avait donnée Elijah le temps de cette bataille. Il se plaça devant eux et les observa un court instant. Quand la flèche à l’étendard vert volerait dans le ciel, les portes s’ouvriraient et ils rejoindraient la bataille. Un autre bataillon de cavaliers feraient de même de l’autre côté et ensemble ils prendront l’armée ennemie en tenaille.
Un des cavaliers sortit des rangs et s’approcha de lui. Il devait avoir l’âge d’Elijah, et il dégageait la même aura. Son cheval avait une robe brune, avec des tâches blanches sur la tête et sur les pates, ainsi que sur l’arrière train. L’homme avait les cheveux bruns, légèrement grisonnants, mais on les discernait à peine sous son casque décoré d’argent. Il avait un arc et des flèches rangés dans un carquois qui pendait à sa selle. Ikâr remarqua que d’autres cavaliers possédaient aussi le même arsenal. Cet homme avait également un bandeau noir autour du bras. Arrivé devant lui, il porta son poing gauche contre sa poitrine et le salua :
« Mon seigneur.
Ikâr en était étonné. On ne l’avait jamais appelé ainsi. Avant qu’il ne puisse poser de questions, l’homme anticipa :
- J’ai croisé Elijah, avant qu’il ne vous envoie à nous. Il m’a parlé de vous et de son intention de vous laisser le commandement de nos troupes. Je ne m’y suis opposé que jusqu’à ce qu’il me dise que vous aviez sauvé notre roi il y a peu et que vous étiez celui qui avait défait huit Leyfendäriens, seul. Vous êtes jeune, mais vous semblez avoir du talent et de l’expérience. Mon épée, mon arc, mes flèches et mon cheval seront à votre service.
- Mais votre âme… ? souligna Ikâr en souriant.
- Reste attachée au service de mon roi, fit l’homme en souriant à son tour.
- Ca me va, fit le jeune homme.
Puis il demanda :
- Quel est votre nom ?
- Je suis Môrtaris, Commandant de la cavalerie du Sangraë.
- Enchanté, commandant.
- De même, mon seigneur.
- Si vous pouviez juste m’appeler Ikâr, ça serait mieux, commandant. Je n’ai pas ce titre là. Je suis juste chevalier, lui expliqua le jeune homme. Traitez moi comme l’un de vos cavaliers, pas comme votre supérieur. Je n’ai pas votre expérience ni votre savoir faire. Je suis juste là pour vous guider sur le champ de bataille et vous donner des ordres pour suivre les grandes lignes du plan du général.
- Très bien… Ikâr.
Le chevalier d’ivoire sourit et lança d’une voix plus forte pour que le reste des cavaliers l’entendent :
- Je vous mènerais au combat, sur le champ de bataille. Cependant, je ne vous donnerais que les ordres concernant la stratégie mise en place par le général Elijah. Les autres ordres, relatifs aux combats, seront donnés par le commandant Môrtaris. J’agirais peut-être indépendamment à certains moments. Votre supérieur direct sera donc le commandant. Cela vous convient-il ?
Un silence d’une seconde, suivi de cris d’approbation et d’un sourire ornant le visage de Môrtaris, visiblement satisfait qu’un bleu ne lui prenne ni son rôle ni la gloire qui lui reviendrait s’ils brillaient pendant leur sortie.
« Sois en paix avec tous les hommes. Quoiqu’il arrive, montre leur du respect et gagne leur confiance. Même si tu penses être dans ton droit, adapte-toi pour réussir. »
Les paroles de son maître lui revenaient.
Il ne put y repenser plus longtemps. Un trait vert fila vers la voûte céleste azur. Le signal venait d’être lancé. C’était le moment de passer à l’action.
Les portes s’ouvrirent lentement. Ils se mirent en rangs, vingt rangs de cinq cavaliers. Ikâr prit sa place au milieu du premier rang, avec Môrtaris à ses côtés et trois autres cavaliers qui arboraient un  regard tendu. Leur façon de se tenir donnait pourtant l’impression qu’ils étaient sûrs d’eux.
Ils lancèrent finalement leurs montures. Et une fois tous dehors, ils de mirent en formation : une large ligne de cent cavaliers, chacun espacé de trois mètres environ de l’autre. Ils foncèrent sur le flanc gauche de l’ennemi.
Lorsque les Leyfendäriens furent en vue, Ikâr remarqua que la phase deux avait débuté : c’était le chaos absolu. On ne distinguait pas facilement qui était l’allié et qui était l’ennemi.
Mais Elijah avait prévu cela :
« Vous ne vous attaquerez qu’aux cavaliers ennemis. On a fait en sorte que vous soyez nos seuls cavaliers à monter à l’attaque. Les autres cavaliers seront vos adversaires. Sauf… »
Ils aperçurent les cavaliers ennemis, mais ces derniers ne se rendirent compte de leur présence que lorsqu’ils furent à moins de trente mètres d’eux. Ils essayèrent de se placer pour faire face, mais ils furent frappés de plein fouet par cette vague meurtrière.
Ikâr donna un coup d’épée dans le flanc droit du cavalier qui se trouvait devant lui, puis il en donna un autre au suivant et lui enfonça le casque dans le crâne. Quand au dernier qu’il croisa, celui-ci parvint à dévier la lame suffisamment pour qu’elle ne lui tranche pas d’artère au niveau du cou. Cependant, il saignait énormément et il ne tarderait pas par s’écrouler.
Une fois qu’il fut temporairement hors de danger, de sombres pensées l’assaillirent. Il revit le visage du premier homme qu’il avait tué. Il essaya de chasser cette image. Il se souvint des paroles de son maître : « Tuer est malheureusement légitime dans notre monde. Tu auras beau vouloir tout faire pour ne pas tuer, tu y seras obligé. Et tu porteras le souvenir de chaque mort jusqu’à ce que tu finisses par disparaître à ton tour. »
Môrtaris surgit à sa droite. Il se battait vaillamment. Son épée était rapide et précise, et il semblait faire corps avec son cheval, comme les Centaures des anciens temps. Un coup fatal porté au bon endroit, au bon moment. Il avait néanmoins été touché à l’épaule par la pointe d’une lance à la jambe gauche. Ce n’était pas grave, mais c’était gênant.
Un bruit sourd monta devant eux. De nombreux cavaliers s’amenaient. Ikâr croisa alors d’autres cavaliers Sangraëiens, qui arrivaient de l’autre côté et qui suivaient la même tactique qu’eux. Les renforts prévus par Elijah au cas où. Ils étaient eux aussi espacés de la même façon qu’Ikâr et ses compagnons. Ils se croisèrent, sans se percuter et chaque groupe put éliminer les soldats ennemis qui tentaient de leur échapper.
Ikâr regarda autour de lui. Ils avaient perdu quelques hommes, mais pas beaucoup. Leurs lanciers avaient brillés face à leurs pairs ennemis. Ils ne les avaient peut-être pas tous tués mais ils les avaient certainement blessés. Cependant, eux aussi étaient légèrement blessés.
Une fois suffisamment éloignés, ils firent demi-tour et retournèrent dans la mêlée. Môrtaris poussa alors un cri. Les autres cavaliers l’imitèrent et levèrent leurs armes vers le ciel.
Ikâr avait rarement combattu avec autant de personnes autour de lui. Il sentit quelque chose le pousser en avant, comme s’il se sentait invincible. Quand il se battait, l’adrénaline l’envahissait, mais il restait sûr de lui le plus souvent. Il savait de quoi il était capable. Mais là le sentiment d’invincibilité l’entoura et il se sentit plus sûr de lui qu’il ne l’avait jamais été auparavant.
Ils foncèrent dans le tas en criant.
***
Elijah observait le champ de bataille du haut des murailles. Il aperçut au loin les deux groupes de cavaliers sortir du château et se lancer dans la bataille. Il analysa une dernière fois les combats :
La deuxième phase venait de commencer. C’était le chaos. Il n’y avait plus que des combats éparpillés ça et là. Les Sangraëiens s’étaient rassemblés en petits groupes pour faire face à plusieurs ennemis. Cela leur permit de ne pas se faire tuer dés le début. Mais il y en avait qui se démarquaient en tuant Leyfendäriens sur Leyfendäriens. Malheureusement, Elijah ne pouvait dire qu’ils avaient l’avantage. Les lanciers ennemis, aussi bien à pied qu’à cheval, étaient efficaces. Et leurs combattants maniaient l’épée aussi bien qu’eux. Il leur fallait intervenir. Ce dont les soldats avaient surtout besoin, c’était de ne pas se laisser gagner par le désespoir. Et pour cela il fallait des meneurs sur le terrain.
- Archers ! la moitié – il désigna ceux qui étaient à sa droite – avec moi, les autres – il s’adressa à ceux de gauche – gardez vos positions. Ne visez que ceux qui auront passé la dernière ligne de défense !
Et il descendit les marches pour se diriger vers les portes. Les archers le suivaient, certains avaient conservés leurs arcs et leurs flèches, d’autres les avaient troqués contre des lances ou les avaient simplement laissés, privilégiant leurs épées et leurs boucliers. Elijah demanda à ce qu’on lui apporte un casque et un bouclier semblable. Il précisa qu’il en voulait un qui venait des casernes des soldats.
Quand ils arrivèrent aux portes de la Cité, un soldat lui amena les armes en questions. Il s’entretint rapidement avec les gardes des portes et leur demanda de se préparer à ouvrir les petites portes pour qu’ils fassent leur sortie sur le champ de bataille.
Les soldats finissaient de se préparer lorsqu’Elijah expliqua ses ordres :
- Une fois dehors, vous foncez et vous faîtes le maximum de dégâts possible. Vous ne vous retournez pas. Sauf si l’un d’eux essaye de vous planter quelque chose dans le dos. On se retrouve au milieu. Essayez d’être par deux pour vous couvrir. Et surtout, ne mourrez pas ! Compris ?
- Oui, général !
Les petites portes étaient prêtes à être ouvertes. Elijah donna l’ordre et les gardes les ouvrirent rapidement. Ils se lancèrent sur le champ de bataille, bouclier en avant et coururent, sans s’arrêter, ne faisant attention qu’aux soldats ennemis.
Elijah était en première ligne, et il fut rapidement séparé des autres. Il s’y attendait, c’est pourquoi il leur avait dit qu’ils se retrouveraient au milieu.
Un soldat tenta de l’embrocher avec sa lance. Le général dévia la pointe sur le côté, abattit sa lame sur la hampe de la lance et la brisa avant même que le lancier ne puisse la retirer. Puis il s’avança et d’un revers de la lame, le tua. Puis il reprit sa course. Il coupa le mollet droit d’un soldat ennemi et entailla le dos d’un autre. Alors deux soldats foncèrent sur lui. Il jeta l’épée sur le premier, qui l’évita, mais un autre Leyfendäriens se la prit dans l’épaule et tomba à terre.
Elijah jura. Une fois l’un des deux soldats à portée, il lui saisit la main alors qu’il tentait de lui transpercer le ventre. Il fit tourner le poignet de l’homme, qui lâcha son épée. Elijah s’empara de l’arme, et para à temps le coup d’épée de l’autre soldat, qui venait d’arriver. Il le repoussa avec son bouclier et donna un coup de genou dans la tête du premier. Celui-ci s’écroula par terre, sonné, mais Elijah ne l’acheva pas. Ca ne servait à rien. Il l’assomma juste en le frappant avec le pommeau de l’épée.
Il fit face à l’autre homme mais ne perdit pas de temps. Il se rua sur lui. Le soldat tenta un coup horizontal. Elijah ralentit et s’arrêta juste au bon moment. La pointe de l’épée effleura son abdomen. Puis il se jeta sur le soldat qui, emporté par son élan, ne put rien faire. Elijah lui entailla les deux jambes. L’homme tomba à genoux devant lui. Elijah le frappa et l’envoya rêver avec un coup de poing magistral.
Il souffla légèrement et chercha son autre épée du regard. Il la trouva, avec le soldat qu’il avait blessé sans le vouloir. Il se dirigea vers lui et sans lui adresser un regard, sans s’arrêter, arracha l’épée et partit. Tout en se remettant à courir, il se rendit compte qu’il était devenu plus gentil, plus clément.
Autrefois il les aurait tous tué sans réfléchir. Parce qu’il pensait qu’il n’aurait pas pu les neutraliser sans les tuer. Après tant d’années à combattre, il s’était rendu compte qu’il pouvait les mettre hors combat sans les tuer, même si ça voulait dire les faire souffrir. Mais bon, il avait vus tant de rescapés de batailles être aux anges après avoir survécu, alors s’il pouvait se battre en rendant les gens heureux, pourquoi ne pas essayer ?
« Rendre les gens heureux en leur donnant des coups d’épée… » songea-t-il en abaissant la lame sur le bouclier d’un soldat ennemi. « Belle ironie… »
Le soldat dévia la lame et il essaya de contre attaquer, mais Elijah esquiva, se baissa et planta sa dague dans la jambe droite du soldat. Celui-ci mis un genou à terre en hurlant. Puis il arrêta de crier. Elijah venait de lui donner un coup de pied dans la tête.
Au bout d’un moment, il ne compta plus le nombre de soldats qui s’étaient jetés sur lui. Il savait juste qu’il en avait tués quelques uns et qu’il était parvenu à en sauver d’autres. Cela dura quelques minutes, puis quelque chose d’exceptionnel se passa…
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