368) Rêverie nocturne :
Ce soir le chèvrefeuille est par la vitre
entré en suaves odeurs métalliques ;
Or, chaque fois que je viens à le ressentir,
mon esprit comme évêque sans sa mitre
vagabonde en ses visions oniriques
qui guident mon errance sans jamais mentir.
Ce soir en gaie grande sarabande
je m’habille d’un masque en belles plumes.
Oiseau de nuit en cris de corbeau fantasque
je vole, observateur sur cette lande,
guettant mes proies en excitation anthume,
dents blanches brillant, heureuses, sous le masque.
Au loin se dresse, solitaire, un gibet
en sa fourche raide, lugubre image
avec son fardeau, vertical métronome.
Sous le regard de la foule, ses quolibets,
le vent secoue le cadavre avec rage
telle horde vengeresse de fantômes.
Un chant s’élève au loin en chœur enlevé
comme par une troupe de jeunes filles
en jupes légères balançant le feston
l’ourlet de leurs robes avec leur col en V
se promenant joyeuses sous la charmille
parmi les abeilles et les vols d’hannetons.
Leur chant léger mon cœur et mon âme
par-delà cette vision de cette plaine
désolée vide, solitude lugubre
et je refuse alors tout autre blâme
et accepte de mener quête lointaine.
Mon esprit solitaire là élucubre.
Porté par l’espoir de sortir de ce tourment
je me redresse, boitille clopin-clopant
à la poursuite de ma si belle fée bleue,
celle dont je souhaite devenir amant,
oui pouvoir jouer comme sacripants
sans remords, heureux sans scrupules ni troubles.