Parfois, j'entends dame la brise qui toque,
doigts de pluie au carreau de cette fenêtre
ouverte sur dehors et notre époque.
Un présent emprisonné, dur à omettre.
Alors je m'évade aux accents si joyeux
de Rameau, voyage aux Indes galantes.
Si ces temps paraissaient à certains plus odieux ;
j'ai impression d'époque élégante.
Quand j'écoute l'air des sauvages, j'embarque,
et sur ces cordes tressaillantes m'envole
au gré de cette fantaisie baroque
et brillante en ses éclats qui consolent.
Et je rêve d'un pèlerinage. Partir
vers Cythère, rêvassant devant un Watteau.
Sous l'égide de Vénus, amour là quérir.
Oui, vite s'embarquer, voguer sur un bateau.
Porté par l'air en un doux Zéphyr vers rive
inconnue où attend l'aventure, là, fatale.
Sans doute celle de la beauté. Un soupir,
une nuque penchée en moue amicale.
Contempler ces joues qui, charmantes, rosissent,
exquise pudeur de femme effarouchée.
Il faudra que mon cœur commande et agisse.
Coquine ! si je m'écoutais, une bouchée …
Mais soyons gentilhomme et point de guerre.
Il me faut vous séduire et être courtois,
non vous conquérir en soudard sans connaître
votre personne. Soit, hissons le grand pavois.
Faisons assaut d'esprit en fêtes galantes
afin que je vous paraisse là aimable
et que vous soyez mon amie consentante,
citadelle en reddition affable.
Votre voix posée, un peu frémissante,
filet d'air entre vos lèvres entrouvertes.
Une veine sur votre gorge palpitante,
chère, émouvante, compagne offerte.