Bleu, blanc, rouge sont les couleurs de mon père,
Bleu, blanc, vert sont bien les reflets de ma mer,
Celle qui chuchote ses fadaises dans le soir
Pour me faire sourire alors que la nuit noire
Apporte son escorte de pensées assassines,
Brutes épaisses sans visage, éternels pousse au crime.
Ondulante et coulante, elle sait me faire flotter
Sur un air enfantin que j’aime à siffloter
Lorsque la joie marine égaie ma solitude
De gardien esseulé des trésors de Neptune,
Il n’est pas de meilleure amie à désirer
Que cette souveraine, étendue et enjouée
Mais quand l’ombre du ciel la heurte de ses bruits,
Ma mutine compagne se jette, à la merci
D’une grosse colère, dans le gouffre béant,
Orage de la peur, bel hommage vibrant
A ses eaux bouillonnantes qui par vagues successives
Organisent sans cesse les plaintes de la rive
Puis revient le silence après tout le fracas
Imposé par la force de l’océan salé
Comme la sole meunière disposée dans mon plat
Qui ne saurait vieillir ou même passer l’été
Car les fruits maritimes je ne peux refuser,
En gourmant capitaine, je m’impose en gourmet.
Les gouttes ruisselantes sont depuis le début
La raison à toutes choses dans ce monde bleuté
Et celui qui voudrait, par raison égarée
Saccager le domaine du sage géant barbu
Apprendrait pour de vrai qu’on ne peut se vanter
De vexer la nature sans se voir rosser.
Sujet: La grande bleue 