Viens me rejoindre au jardin de ce matin.
L'air y est frais, lavé de tôt par la rosée
en ses doigts minutieux pour un thym mutin.
Tout luit comme sou neuf devant toi médusée.
Le rossignol et le grand-duc se sont couchés
après leur soirée passée en gaie compagnie.
Voici le temps des mésanges mal embouchées,
du pic-vert stakhanoviste en sa manie.
En gilet rouge … le rouge-gorge, orgueil
de notable, dignité provinciale.
Plus loin sautille le primesautier bouvreuil.
Comme nous sommes loin de cet hiver glacial.
Un grognement attardé, voici hérisson
grognon en robes de feuilles, vraie limace.
On dirait, en volume, un marron paillasson
balayant la prairie, effaçant les traces.
Un banc légèrement humide, bois foncé
couronné des volutes de rosée fuyant
devant l'astre solaire en rayons engoncés.
Sens la chaleur du jour ici te caressant.
Vois, j'ai étendu un plaid à carreaux rouges
pour pouvoir nous asseoir. Une tasse de thé ?
J'ai choisi ton préféré. Rien ne bouge
que tes lèvres que j'aie envie de bécoter.