Corinne, ma chair, ma chère tendre amie,
j'accoure, je vole, je me précipite.
Vous n'êtes ni sangsue, succube ou lamie,
pour cela ni doute ni effroi m'habitent.
Vers vous, chère dame, tendre cœur, je m'en viens.
Votre brun regard d'azur bleu, je m'en souviens.
Dans ces yeux je vois le paradis et le ciel ;
est-ce point de vue partial ou est-ce partiel ?
Que nenni, dis-je et c'est ainsi que nie-je.
Ce bleu regard eût-il été vide et froid
que, quoique je demeure votre homme lige,
je l'eus qualifié de neige pleine d'effroi.
Donc vers cet azur, promesse de beau Printemps
revenons. Laissez-moi m'y plonger un instant.
Sous ce ciel bleu aux jolies prunelles marrons
s'épanouit un aimable jardin où irons.
Ici chantent en chœur, en une joie sans mélange
tous : le rossignol, le moineau, la mésange ;
tous de s'interpeller. La bergeronnette,
la fauvette, l'étourneau et l'alouette.
Ce jardin vibre, frémit des parfums délicats
de parterres sagement ordonnés de fleurs,
subtiles mélanges de couleurs et d'éclats,
harmonie, chacune éclot en son heure.
L'ocre de vos yeux sous vos longs cils, le ciel bleu
créent cette atmosphère à vous pareille.
Unique, chaleureuse et réservée. Le
privilège d'y être est un fort doux miel.
Une tension subtile, légère, vrille l'air ;
est-ce promesse ou une longue attente ?
Ce vibrant frémissement agace les nerfs,
quoi que vous demeuriez toujours si charmante.
Vous si proche, hélas aussi, si lointaine
alors qu'en mon cœur enfle, grandit et roule
ce sentiment puissant, beau, fort, qui me mène.
Sentez de mon amour, mon désir, la houle.
Mon monde est bleu comme votre regard brun.
Votre voix est le chant superbe du rossignol
De mon amour pour vous, subis la loi d'airain
en habit de lumière comme espagnol