Et ce soir, encore une fois moi feignant
de cette routine, dialogue, sourire.
Tâche épuisante, pas pour un fainéant
alors je bois mon déboire, jamais ivre.
Ah la douceur domestique de nos foyers !
Alors si ce soir j'y suis, c'est la haine
recuite, apaisée, vieux couple périmé,
plus rien n'importe, frasques et fredaines.
Comment dit-on déjà ? Chacun chez soi, je crois.
Alors comment faire quand le chez-soi est commun ?
Chaque soir est alors nouveau chemin de croix.
Cela nous rend-il meilleur, enfin plus humains ?
Dans ce cas, il faut aménager son palais
pièce par pièce et patiemment choisir
l'aménagement, surtout rien de laid ;
sans oublier un oculus vers firmament.
Et si ce soir, la solitude t'étouffe,
cherche alors au ciel bonne étoile,
l'astre discret et constant qui sans esbroufe
pour toi brille. Vers là, mets alors les voiles.
Déploie-les, regarde le vent les gonfler
et ressens la longue houle te secouer
et te dire qu'attends-tu pour laisser enfler
ce souffle puissant à l'amour voué.
Quand je lève les yeux, en tous hémisphères,
mon repère, astrolabe, croix du Sud
voire même sextant, étoile polaire,
est vous vers qui là, envahissant, exsude.
J'ai repéré mon amer, le cap relevé
levons l'ancre. Virons joyeux au cabestan.
Laissons le clapot nous envahir. Enlevés
par son rythme, partons heureux, le cœur battant.
Comme les mots sont trompeurs, en ternes miroirs.
Mon amour à moi est le terme bien doux
de mon voyage ; car j'ai su un jour y voir
malgré ses défenses y rencontrer mes espoirs.
Soit quel est-il donc. Question saugrenue.
Quelle réponse attendez -vous donc de moi ?
Je n'aime pas mentir, la vérité nue
donc dirai. Vous êtes cause de mes émois.