La cornée de verre de ce monde assiégé
Pleure, hurle sous mes pieds comme une âme déchue.
L'écho des cris aigus s'en va, boitant, piéger
Mon oreille dressée sous le plafond fourchu.
Le rêve illusoire des prémices de vie,
Chanté par l'ursidé borgne et défiguré,
Jonche, sous la poussière, ce sol enseveli
Sous les poupées meurtries et les masques dorés.
Tant de couleurs, tant d'innocence éparpillées,
Ces monts de voeux qui ne verront jamais la hotte
Du sillonneur de nuit, par l'homme estampillé.
Sous les flocons, il pleure, hélas, à qui la faute ?
Nulle belle chanson, point de boîte à musique
Mais le râle angoissant des peluches qui crèvent.
Le souvenir des camps, des villages phtisiques,
Me revient ici-même, en ce charnier du rêve.
Ils les ont emmené loin du comptoir maudit
Que les diables cherchaient aux frontières nacrées
De la belle innocence, en sombre psalmodie
Chantée par la haine, dans la maison sacrée.
Ils les ont emmené, ces enfants assassinés.