A qui est cette ombre au-dessus de nos casques ?
Est-ce la nuit, est-ce la mort ?
Pas de lueur, juste un grand masque
De ténèbres... et notre sort.
Qui aura le temps de tirer une balle ?
Est-ce la chance, est-ce la mort ?
Pas de répit, juste une dalle
Dans un jardin pour notre sort.
Les gueules de béton s'ouvrent, bées, sur nos corps
Dans les péniches de prières,
Elles sifflent, crachent notre mort,
Non loin des destroyers arrières.
Les gueules se gossent de nos Garand si forts
Pour fusiller tous nos espoirs
Et sur les rampes, ses renforts,
Sous les obus des oiseaux noirs.
La Manche, la Mer Rouge, on ne sait plus très bien,
Sur tout l'estran, des corps mourants,
Sur moi, le sang, dans l'oeil, plus rien,
J'entends siffler leurs cormorans.
Avancer, enjamber mes amis, mes alliés,
A travers les hérissons tchèques,
Sous les troncs et les tirs de mortiers,
Passer les pieux et mes obsèques.
D'un trou à l'autre, il faut aller, se protéger,
Utiliser comme un kevlar
Un camarade éparpillé,
Je n'oublierai pas ce regard.
Nous atteignons les barbelés, je vois les barges
Là-bas restées, au loin coulées,
Je vois l'ami qui sous sa charge
S'est noyé, trop lourd, pour "y aller".
Nos Sherman, nos Thompson, les faisaient bien sourire,
Les lance-flammes patientaient,
La peur qui nous faisaient vomir
Sera l'ire où vous brûlerez.
Pour ceux qui dans leur barge ont été tués,
Pour ceux qui dans le sang se sont noyés,
Pour ceux qui dans le sable sont tombés,
Pour ceux qui sur les pieux ont explosés,
Pour ceux qui sont morts devant l'infirmier,
Pour tous ceux qui auront donné leur vie,
Pour tous ceux qui auront pour leur patrie
Combattu,
Salut !