Son coeur battait : bom-bom.
Il ne sait plus où il en est, ce qu'il a fait, ce qu'il doit faire.
Bom-bom.
Il sait cependant ce qu'il fera. Même si ce n'est pas lui qui décidera de son sort.
Bom-bom.
Il ouvre les yeux. La lumière l'aveugle un instant.
Bom-bom.
Il distingue la lampe en face de lui. Il voit le noir autour de cette lampe.
Bom-bom.
Il est attaché. Ses mains, ses pieds sont liés.
Bom-bom.
Il entend des bruits, des sons et des paroles.
Bom-bom.
Rien qui ne s'adresse à lui. Il retourne dans ses pensées.
Bom.
Son coeur bat moins vite. A-t-il pour autant moins envie de vivre ? Non. C'est juste qu'il sent son coeur qui se prépare. Qui est presque prêt.
Bom.
Prêt à quoi ?
Bom.
A affronter la terrible vérité qu'il refusait d'accepter depuis des années...
Bom.
Son coeur change soudain de rythme : Bom-bom.
On vient de lui coller un canon de pistolet sur la tête.
Bom-bom.
Il ne panique pas trop. Il a peur, mais combien de fois a-t-il pensé à ce moment ?
Bom-bom.
Combien ?
Bom-bom.
"Où est-il ?" demanda alors l'homme qui le tenait en joue.
Bom-bom, bom-bom.
Il sent son coeur s'emballer. Devait-il le trahir et espérer s'en sortir ? Il savait qu'il était condamné. Alors autant sauver ce qu'on peut.
Bom-bom, bom-bom.
"Je répéte : où est-il ?"
Bom-bom, bom-bom.
Il ne voulait pas. Pas lui. Il répondit, avec le dernier sourire qu'il avait en réserve :
"Euh... Joker."
Bom-bom, bom-bom.
"Tu veux jouer au malin, hein ? Tu vas voir, ta famille, tes amis, on va les tuer devant toi, sous tes yeux !" le menace-t-il. "Sauf si tu coopéres..."
Bom-bom, bom-bom.
Il se retient de rigoler. Sa famille est déjà morte. Il ne lui reste que ses amis. Il ne s'inquiète pas pour eux. Il sait qu'ils sauront survivre.
Bom-bom, bom-bom.
"Alors, tu veux bien coopérer ?" lui redemande-t-il.
Bom-bom, bom-bom, bom-bom.
Il s'apprête à répondre. Il s'en doute, ce sera sa dernière réponse.
"Je passe."
Bom-bom, bom-bom, bom-bom.
"Tu veux encore jouer ?" lance l'autre. "Très bien !"
Bom-bom, bom-bom, bom-bom, bom-bom.
Un coup de feu. Une douleur à la jambe. C'est pas grave. Il se dit qu'il a déjà survécu à pire.
Il se clame.
Bom-bom, bom-bom, bom-bom.
"Alors ? T'en veux encore ?" s'écrie l'autre. "Tu veix voir tes amis et ta famille crever sous tes yeux ?"
"Abruti..." soupire-t-il. "Vous l'avez déjà crevée ma famille."
Bom-bom, bom-bom.
Ca y est il est calmé. Ca y est c'est la fin. Dommage, il lui en aurait bien donné une s'il n'avait pas été attaché comme ça.
Bom-bom, bom-bom.
"Alors va les rejoindre !" lui dit l'autre.
Bom-bom, bom-bom.
Puis vint l'attente. L'attente du coup fatal. L'attente du coup qui permettra d'en finir. Un attente interminable...
Bom-bom, bom-...
Un coup de feu. Ca fait sauter le coeur. Lui, ça lui a fait sauter la tête, comme dirait l'autre abruti.
...
Depuis le temps qu'il le menaçait.
...
"Enfin, ma dernière pensée..." murmure-t-il." Sauves-toi. Ne me pleures pas. Après tout, on est en guerre depuis si longtemps, un mort de plus, ça sera quelqu'un de moins à tuer."
...
"La mort nous sourit à tous. Tout ce qu'on peut faire, c'est lui sourire à notre tour," finit-il par dire.
...
Et il sourit.
***
Moi je pleure ta mort. Un jour je te vengerais.