Je rêve d’une ville.
Oui, une ville. Une vraie.
Une ville pimentée, où la nuit tombe comme un frisson, un éclair, comme le trac avant de monter sur scène, un traquenard dans une rue malsaine, où l’on s’est engagé, poussé par l’excitation intrigante qui attire les bourgeoises venues s’encanailler.
Rappelant la rue de Lape dans le temps, ou Lapa par beau temps.
Dans les quartiers qui sentent le vice, près des buveurs à la vessie pleine, un mur est réservé à la pisse pour les fils de la bohème.
Les odeurs qui se dégagent de cette faune viennent pénétrer les narines jusqu'à en brûler les neurones.
On se rappelle vaguement y être allé, comme dans un rêve, sourire aux lèvres des grands soirs, ou débauche, a tâtons, un peu au hasard.
Pendant que les purs-sangs se mêlent aux bâtards et que les tares coulent dans le sang, je rêve une ville, une vraie, mi-sainte mi-putain, tellement épicée qu’elle foutrait la chiasse aux extrémistes et puritains.
Une ville à mon image aux travers un peu fous, où l’on vit l’anonymat à travers des bains de foule.
Une ville où l’on reste quand on y passe, car des choses il s’en passe, et avant que je me casse, je la boufferai jusqu'à ce que je m’en lasse.
Et derrière moi, tenaces, sur chaque rue, chaque place, mes empreintes laisseront leurs traces.