XLIX. Comptine :
Un deux trois, ici tu marches, te promènes
en balancement léger de cette jupe,
le port royal, impératrice romaine
et derrière toi un troupeau de dupes.
Quatre cinq six, tes cheveux flottent dans le vent.
« Ralliez-vous à mon joli panache brun ! »
Et tous sans réfléchir courant, vont de l'avant
sans craindre ni crachin, ni drache, ni embruns.
Sept huit neuf, sur les galets luisants de pluie
tes talons nous fredonnent une chanson mouillée.
Un éclair fugace de joie dans tes yeux luit,
les gouttes dans tes cheveux semblent scintiller.
Un deux trois, voilà l'étrange comptine,
une petite marche en pas sautillants
pour suivre l’effrontée, coquine gamine
entourée de tous ses soupirants babillant.
Quatre cinq six, un banquier, un notaire,
un homme d'affaires affairé et voilà
la belle escorte empressée. Voltaire
en rit encore en son fauteuil, tralala.
Sept huit neuf. Et toi, à ceux-là, indifférente,
tu vas ton chemin, fière et tenace
dans le maelström de la vie turbulente,
superbe en ta foulée alerte, vivace.
Dix onze douze. Dis-moi oui,
s'il te plaît, que mon cœur reparte enfin.
Présence évanescente qui s'évanouit.
Vision qui s'éloigne, déjà aux confins.
Treize quatorze quinze. Un léger parfum
comme écharpe de brume, un souvenir,
flotte en un lambeau de rêve mort de faim.
Cet air idiot saura ma joie soutenir.
Seize dix-sept dix-huit, la beauté d'au revoir
est sa terminaison en écho de promesse.
Dix-neuf vins, c'est beaucoup bu, à ne plus savoir
que rire. Je te le dis avec tendresse.