Un après-midi morose sans rose.
Les seuls odeurs sont celles de distillerie,
oui, aldéhydes fleuries en cirrhose.
Je vous le dis ici tout net sans moquerie.
Après-midi guignon où comme Prométhée
j'attends le volatile hépatophile
maître du supplice, attente hébétée
de ce bec fouisseur tranchant comme un vif fil.
Ah ; s'il me faut perdre conviction et foi,
alors faisons le nous-même comme un grand
et montrons-nous spiritueux, un bref émoi
pour éléphants roses et exploits très navrants.
Ce soir, alors que mes veines glacées charrient
un alcool brûlant, rien ne me réchauffe.
Ni le monde, ni la foule, charivari
insipide au bord d'une catastrophe.
Je n'en serai pas. J'ai décidé de vivre,
de ressentir, d'aimer à chaque souffle,
m'étourdir, joyeuses inspirations ivres,
oubli de soi et de l'orgueil qui boursoufle.