Ah que j'aime cette écoute diurne,
mon très cher Maître Frédéric Chopin,
de vos pièces pour piano. Nocturnes
admirables en leur retenue de lapins
agiles batifolant sans retenue sous gente lune
dans une vaste clairière isolée.
Pourquoi poser des lapins ? Ma foi, comme une
rime en pin était exigée là à coller ...
J'aime entendre en cette assonance
les affirmations de ces doigts par touches
fermes en bien aimables dissonances.
Une musique comme pattes de mouche.
Soudain, mon regard erre là dans le miroir
et, croyez-moi ou non, j'y vois une autre
silhouette sur mon épaule. Un espoir
soudain fait battre mes côtes. Est-ce votre
présence ? Cette projection sur l'étain
de mon refuge vous ressemble tellement
que je ne puis détacher d'elle mon regard mutin.
Quelle joie d'imaginer mon joli firmament
dont vous êtes, vous le savez, lumière.
Vous êtes mon rêve unique familier
quand bien même en très lointaine terre,
ou même quand je suis las à supplier
la faveur d'une faveur en danse folle.
Caniche excité agitant sa laisse
pour qu'enfin en promenade il batifole.
Dans vos yeux le ciel est bleue allégresse.
Je crois que vous me rendez daltonien.
La musique est toujours note bleue
même parfois lente comme chélonien.
Penser à vous est bien délicieux trouble.
Je vous vois partout. Dans cet enfant si heureux.
Dans ce miroir où mon reflet triste déteint.
Dans cet agneau mignon un peu craintif, peureux.
Dans cette glace où erre reflet d'étain.
Je vous sens surtout sur tout. Oui, dans le parfum des fleurs.
Dans ces épices qui mettent eau à la bouche.
Je vous aperçois sur tout, surtout en couleurs
gaies le jour où vous serez beaucoup moins farouche.
J'imagine votre beau sourire un peu las
lisant ces lignes folles, ces fariboles.
Votre sourire est récompense. Voilà
un pas vers Venise et aussi gondoles.