Un échiquier rouge et noir, vert tapis,
à côté un panier plein de pièces,
des tours, cristaux rouges de Bohême ; une pie
noire qui danse, criaille en liesse.
Des cloches sonnent, appelant à la Messe.
Mais je préfère le chant du joli bouvreuil,
le vent qui mes cheveux ébouriffe, caresse ;
plutôt que m’enfermer ânonner triste recueil.
Le banc, le prie-Dieu sont inconfortables.
Quant à respirer encens et lire missel,
préfère déjeuner sur l’herbe sans table
à côté de ma mie et tenir icelle.
Qu’est la flamme tremblotante des cierges ?
Pourquoi s’enfermer pour faire dévotions,
alors que dans un regard doré siège
mon inspiration, suis en adoration ?
Mon jardin à moi est jardin de mémoire,
en ses créatures extraordinaires
avec une pièce d’eau où se moire
Lune, ciel et les feux des luminaires.
Ce jardin ai déjà décrit ; l’avez-vous lu ?
En ma fantaisie et sa construction,
N’accueille que personnes chères, élues.
C’est là mon paradis sans rémission.