Les aiguilles courent, foulant de leur pas lourd
Le marbre sous la mousse au service du temps
Qui se perd dans l'oubli des si vieux et beaux jours
D'un passé qui fut nôtre et nous avions vingt ans.
Vois-tu mon ami, c'est l'ancien qui te le dit.
La tombe est notre lit, elle est votre médaille,
Oui, tous morts au combat mais pour d'autres raisons.
Désertez vite avant la fin de la bataille,
La vie se perd pendant la course à l'oraison.
Vois-tu mon ami, c'est l'ancien qui te le dit.
Le pion va, lutte et meurt avant l'échec et mât,
L'autre suit, le remplace et piétine son corps.
Est comblé l'espace par un autre automate
Qui court pour survivre et vit pour courir encore.
Vois-tu mon ami, c'est l'ancien qui te le dit.
Souffle et marche sans or en semi-liberté
Ou cours jusqu'à ta mort pour la prospérité
De ta carcasse usée, froide mais retraitée
A titre posthume, ironique liberté.
Vois-tu mon ami, c'est l'ancien qui te le dit :
Souffle et marche sans or en semi-liberté,
Vois-tu mon ami, c'est l'ancien qui me l'a dit.