Appuyé contre un tronc,
Je regarde ce bouchon
Sans réellement le voir,
Quand mon esprit s’amarre
Au vieux port des songes
Dans l’onde je me plonge,
Tentant d’imaginer
La prise de l’année,
Elle se nomme Alice,
Ma carpe saumonée,
De mon air complice
Je fredonne sa beauté,
Ses formes généreuses
Et sa peau tachetée
Eblouissent les choses
Lorsqu’elle ose se montrer,
Personnage assoupi,
Je jouis tranquillement
Feignant d’être endormi
Sur le bord de l’étang,
Ma ligne se promène
Au gré de ces courants
Qui vous trouble la scène
Par de poisseux moments
Car il faut bien pêcher
Même si l’humeur enjouée
Empêche la violence,
Tricherie en séances
De traques suggérées
Dès que mon hameçon
Me laisse à penser
Qu’une belle occasion
Vient là se présenter,
Peur au ventre, prisonnier
Dans ses mailles de filet,
Pétrifié à l’idée
De tout faire couler,
Mes bras tirent la canne
Au risque de casser
Ma seule amie jurée
Sur l’odeur de mon âne,
Fidèle siège ou mythe
Promenant le plaisir
De son vénéré Sir,
Illustre piégeur de fuites
Si l’on compte ses succès
Qui tiennent sans rougir
Sur un doigt ondulé,
Dansant ver qui attire,
Appât vivant de qualité.