VISAGE (de la pêche au cuir)
Écran du grand film de notre vie...
la séance y est permanente.
Jour après jour, année après année,
on y joue tous les registres :
la joie qui forge les fossettes,
le chagrin qui ravine les joues,
la peur qui fait trembler les lèvres,
l'envie qui fait saliver, la honte qui fait rougir,
l’amour qui fait rosir,
l’amitié qui fait aimer...
Le film pourrait être muet ;
ce miroir de l'âme n'a pas besoin de mots pour parler.
Chaque regard peut dire « je t’aime »,
chaque sourire est une invitation au plaisir, au partage.
Monde de sens posé au sommet de chaque être,
il est le phare pour diriger les pas.
Sur un scénario qui n’a jamais été écrit,
la pellicule des jours s’y déroule en couleurs d’espoirs,
en noires déceptions,
en sépias souvenirs...
De la pêche et du cuir
il prend tour à tour l’aspect
sous les assauts du temps tanin.
Et quand la séance arrive à son terme,
le générique diffuse la même musique du coeur:
celle qui hier a rassuré et endormi l’enfant...
qui rassure et soulage le gisant aujourd’hui...
Alors, comme un masque qu’on retire
et qu’on abandonne après le bal,
il se fige pour l’éternité
en une image pleine de quiétude.
Les yeux projecteurs s’éteignent doucement...
et le rideau des paupières tombe sur une fin attendue.
Hère du Temps