-Je vais quitter le village, annonça-t-il à sa femme.
-Oublie tes rêves de gloire et reste parmi nous, répliqua son épouse.
Le voisin est revenu de la ville en costume, cravate et souliers vernis. Je vais me rendre dans la capitale pour me réaliser. La vie dans ce village ne me plaît plus. Cultiver la terre et travailler dans son champ ne rapportent pas assez d’argent. En ville, je trouverai du travail, un logement, de beaux habits et je pourrai peut-être m’acheter une voiture.
-Tout cela n’est que rêves et illusions, répondit sa femme.
-La vie traditionnelle et paysanne ne me conviennent plus. Je suis à la recherche de la vie moderne. N’es-tu pas lasse de prendre l’eau à la pompe ? Ne voudrais-tu pas avoir l’eau au robinet, un compteur électrique à toi, la télévision et un cuisinière à gaz ? N’es-tu pas fatiguée de porter des fagots de bois sur la tête ?
-Non, je préfère la vie dans ce village. Elle est paisible et sereine. Nous avons un toit, à boire et à manger tous les jours et surtout nous travaillons aux champs, sur nos terres, des terres qui nous appartiennent.
-Tant pis, j’irai quand même à la ville.
Comme dit, il quitta sa femme et son village et se rendit dans la capitale pour y trouver une vie moderne. Il déchanta rapidement lorsqu’il rencontra de grosses difficultés. Sans formation et sans expérience professionnelle, il ne put trouver du travail. Longtemps plus tard, il revint auprès de sa femme qui l’attendait. Il lui expliqua :
-La vie à la ville n’est pas ce que l’on croît. Il y a beaucoup de pauvres et tout y est cher. Les condiments, les légumes, la viande coûtent les yeux de la tête. Il n’y a pas d’emplois. Je préfère rester au village plutôt que de courir après la vie moderne.
-Nous sommes à la recherche de la vie moderne mais c’est elle qui vient à nous. Laissons-la s’installer dans le village. Travaillons dans nos champs et nous aurons de l’eau courante, de l’électricité et même le téléphone, lui répondit sa femme.
-Tu as raison. Il est inutile de courir après la vie moderne puisque c’est elle qui nous trouve, conclut-il.