J’avais écrit une poème, que par « mégarde » j’ai déchiré.
Ce brouillon a fini à la corbeille, bien lui en a pris,
Tu ne le liras jamais, tu ne l’aurais pas aimé, rien retiré.
Tu n’en éprouveras ni regrets, ni reproche, ni souci.
Le style n’en était pas trop mauvais,
Les mots collaient, une empreinte de caractère.
Mais je le répète tu l’aurais troué laid.
Je l’avais rédigé sous le coup d’un trouble de l’esprit, d’un soupçon de colère.
Comme un reflux de mes doutes,
Un sursaut d’une ennemie refusant sa lente agonie,
Un ultime piège du passé, un moment de déroute.
Mais mon amour me protège, me fortifie.
Je ne l’aurais jamais recopié dans ce cahier,
Il n’y aurait pas eu sa place,
Il méritait simplement de finir au panier
Et que s’efface sa trace.
Un dérapage pour rien, un instant de faiblesse,
Pourquoi s’apitoyer, faire que le bât blesse,
Mieux vaut chasser ces pensées néfastes, vouées au mitard,
Ne vivre que notre présent, en goûter le nectar.
Me réchauffer à ta peau,
Me ressources à ton âme,
Aimer ce renouveau,
Du néant faire rejaillir la flamme.
Qu’ensemble le destin nous entraîne,
Qu’en nous la passion se déchaîne,
Que rien ne nous entrave,
Que d’aucuns nous ne soyons l’esclave.
Que le soleil brille en nous,
Que sa chaleur baigne nos vies,
Que nos existences soient à jamais unies,
Devenir deux gentils fous, l’un pour l’autre très doux.
PHIL