Tu hais, métisse,
Ta position, en somme, instable,
Partage entre deux remarquables
Façons d’envisager la joie,
Dans laquelle ton cœur se noie
Quand de l’amour tu es le fils,
Tu hais, métisse,
Ce regard de chaque côté
Posé sur toi pour étouffer
Ou laisser entendre ces cris
Qui rappellent la calomnie,
Défense raciale par vice,
Tu hais, métisse,
Ta couleur qui n’en est pas une,
Moitié soleil, moitié lune,
Par alternance comme un jeu
Te faire accepter de ton mieux
Avant que l’heure ne te choisisse,
Tu hais, métisse,
Ces rudes règles en société,
Rejoindre un camp pour dénigrer
Les autres groupes légitimes,
Pousser l’étranger dans l’abîme
De tes mains salies par malice,
Tu hais, métisse,
Le doute installé en ton âme,
Aiguisé, caché comme une lame,
Fort caractère en liberté
Face à la sotte absurdité,
Immaculée fleur de lys,
Tu es métisse,
Beauté complète et cultivée,
Fruit de la nuit, de la journée,
Avenir de la négritude,
Progrès de nos vieilles attitudes,
Comme un délit, tu nais délice.