369) Les feuilles du matin :
Les feuilles vertes en danse matinale
saluent la rosée de ce matin frémissant
en hommage à cet éveil du jour naissant
et devant ce thé, je rêve et je pense.
Les volutes de la tasse montent au ciel
vers les rares nuages indifférents
en leurs pérégrinations, tranquilles errant
de-ci, de-là, lent défilé sous le soleil.
Cohorte d’animaux, d’anges, voire de saints.
J’y ai même vu là comme main de femme
en geste gracile, aperçu de l’âme.
Et voici que l’amour enfle alors en mon sein.
Un vol d’hirondelles passe, criailleries
et sifflements excités en queue d’aronde,
en ballet vif et joyeuse ronde
si loin de la terre et ses tracasseries.
Envie de sentir pousser là des ailes !
Être enfin léger, libre et gracieux,
évoluer en toutes dimensions des cieux,
s’élancer au loin et la rejoindre, elle !
Une aigrette de pissenlit qui vole
fait éternuer le chat qui sur le banc dort
et en ronrons tigrés au soleil se dore
pareil à une grande fourrure molle.
Les accents de Violetta dans l’air cristallin
de ce calme instant au jardin en éveil
comme toujours me transportent et m’émerveillent
en étreinte tendre du cœur comme câlin.
La marche des violons en attaque vive
me fait tressauter, bondir en allégresse
écoutant cette voix pure de déesse
qui là le goût du jour pare et avive.
Les bruits de la vie remontent de la ville
vers le bois, lente rumeur, un sourd murmure
le long des acacias, des buissons de mûres
attendant que les enfants passent, grappillent.
La coupe est vide. Il faut donc y aller.
Une dernière rose à tailler, un vase
pour l’y enfermer, pion coincé sur sa case.
Enfin, sortir du jardin, aller travailler.