LXXXVII. Décollage :
Un matin en fraîcheur hésitante, ténue.
Dans ce lit trop bien fait, juste une chatte
et l’empreinte d’un homme. Pas de femme nue.
Grand lit, grand vide en absence qui gratte.
L’aube tremblote grise, rose et fraîche
et le soleil regarde par-dessus les toits.
Quelques mésanges sur ce ciel se recherchent.
Histoire banale de moi cherchant leur toi.
L’eau frémit dans la bouilloire, chaude danse.
Là ces volutes de thé en infusion dorée
m’hypnotisent. A autre chaleur je pense ;
et j’imagine des prunelles mordorées.
En ce regard je tombe en chute lente,
tourbillon de feuille dans la douce brise
d’une respiration calme apaisante.
A son rythme mon âme est soumise.
Son souffle me fait tournoyer comme fétu
de paille enroulé à ses mèches brunes
ébouriffées par l’alizé en sa fête
insouciante poussant chacun vers sa chacune.
« Bonjour ». ces deux jolies petites syllabes
fixent la couleur de mon ciel matinal.
Et ces lèvres fermes sont mon astrolabe
guidant mon cœur loin des contrées hivernales.
Nous voici alors repartis vers les îles
dont nous avons gardé une nostalgie
lancinante qui sous braise grésille
couvant sous apparences tranquilles
rêve de sable en lenteur indolente.
Envie de caresses chaudes d’un alizé
S’étourdir entre les bras d’une amante
et succomber sous la passion des baisers.
J’ai d’une vie éveillée envie violente.
Que ce cœur grippé échappe enfin au temps
qui use et fige en sa langueur étouffante.
J’accoure, j’arrive, pantelant, haletant.