Le dernier jugement

Le sablier se brise, le temps s'est arrêté.
Les grains de sable vibrent sous tes pieds.
Des tremblements terrestres la fin est annoncée,
Du chaos prochain émergera le jugement dernier.
De dessous terre se soulève l'armée des damnés.
Écorchés jusqu'à l'os, les lambeaux de chair pendant,
Avalant la poussière, ils viennent te cherchant.
Parmi eux tu devras demeurer.
L'échappatoire est ton dernier espoir d'être dépossédé
De ton corps mort alors dépecé.

Les mânes célestes descendent te trouver à leur tour.
Ton âme encore vierge devient hantée
Par ces ombres flottantes depuis longtemps condamnées.
Elles étouffent lentement tes pensées alentour.
Ton esprit possédé est mené à l'abri,
Ta nouvelle flamme consomme l'autre dans l'oubli.
Chaque moment, chaque instant, chaque souffle de ta vie
Brûle, embrasse la fin de ton temps, tu es pris.
Tu es seule face à ton destin funeste.
Quelque modeste chemin tu choisis, s'efface dans la masse ton ombre qui proteste.

Que de chimères pour te faire frissonner la tête.
Le marchand de sable transforme ta nuit en cauchemar
Car l'éternel crépuscule réclame sa dette.
L'aube n'est plus, il est venu le temps de vérité car
De tes péchés tu dois te confesser :
Absous, à genoux dessous la main divine
Dressée contre toi, sévère mais inventée.
Tout ce qui t'entoure, c'est toi qui l'imagine.
La fin du monde n'est autre que le propre reflet
De ta vie passée, ton bourreau n'est autre que toi, agonisé.