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 Litanie d'attente

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AuteurMessage
Jules B
Poète
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Nombre de messages : 422
Localisation : 92
Date d'inscription : 18/03/2012

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MessageSujet: Litanie d'attente   Litanie d'attente EmptySam 19 Jan - 12:19

CXXVI. Litanie déliée :

Je parle de la mort comme d'anecdote,
détaché pareil à un vieux qui radote.
Jamais ne ferai histoire tel Hérodote,
mais au monde blessant voici antidote.

Oui, quand brutal il blesse, je ferme porte.
Cependant, tel bernacle, fidèle au poste,
même battu par la bise sous l’imposte,
je maintiens, sans un mot ni une riposte.

Et cette discipline féroce pèse ;
j'entends chant de liberté et mal à l'aise,
me sens comme happé par l'appeau d’Éphèse,
cet objet si cher à notre ami Blaise.

Pascal, quelles sont probabilités
que tout ce qui arrive soit mérité ?
Quel pari choisir sachant que ? Duplicité
en muettes interrogations alitées.

Seul, en cette couche par l'amour désertée
où je me flétris en froide adversité,
admettant, repentant, que par ma lâcheté
j'ai tout laissé filer, couler et tout raté.

Alors qu'au ciel je vois les étoiles monter,
je sais la mienne pâlir, morne, attristé.
Nul besoin de s'enquérir voire d'enquêter.
Ceci est là mon dû, ce que j'ai mérité.

Hélas, trop rationnel, perdu car lucide ;
je puis rêver, diaphane, translucide,
emporté sur le vent de rêves fétides,
et le vide des nuits câlines torrides.

Je sais alors de cette chaleur torréfiée
les conséquences oubliées et horrifiées
pour ceux qui n'ont pas su alors se méfier
et affrontent soudain le monde, ses méfaits.

Que te disais-je ? Mon étoile pâlit.
Alors qu'enfiévré et seul au fond de mon lit
affronte solitude quand fièvre mollit,
rêvant à liberté perdue qui là faiblit.

Ce roc de mon orgueil, triste forteresse
n'est que le muet écrin de ma faiblesse.
Et comme caniche appelle maîtresse
plus douce, je quémande gentille laisse.

J'ai plus d'envies que si j'avais toujours dix ans.
J'ai plus de regrets que si j'avais mille ans.
La terre me pèse et j'envie le milan
en son vol de rapace planant indolent.

Vienne l'heur, et vienne le crépuscule,
voile pudique sur mes émois crédules
quand se pressent les honteux autour d'édicules
où ils se dépravent en mœurs ridicules.

Qu'un soleil des ses derniers feux ici flamboie,
alors que frémissant je tremble aux abois,
prêt à japper vers la lune depuis le bois,
pauvre roquet qui se dissout et enfin boit.

Seul, isolé et muet, aveuglé je crie.
Et pour partager, alors ici je t'écris.
Nul ne lira cette histoire, indien Cree
perdu dans les plaines de l'oubli, seul, aigri.

Mon cœur lyophilisé saigne en poudre,
écoulement lent de sablier, un dé à coudre
d'humanité querelleuse, pour découdre.
Un petit cœur triste s'est fait moucher.

Alors, sur un Te Deum de ce cher Lully
mon esprit pense un funèbre hallali,
fantôme soulevant les draps roides du lit
espérant une femme choquée qui rougit.

Et un chat sur le banc allongé au soleil,
sourd, lourd, gourd, enfin indifférent en sommeil
étalé comme mort en cadavre vermeil,
moquette ronflant sans bouger son oreille.

Vie simple, heureuse quoiqu'un peu brutale,
entre croquettes et aussi sauts de portail.
Jamais de boule qui glace les entrailles.
Ah ! Son calme sans activité mentale.

Je ne suis pas de mon époque, de mon temps.
J'eus à la pointe du sabre tout haletant
aimé forger empires par delà le temps,
en pointe et taille convaincre hésitants.

Conquérant en rêves héroïques et brutal
je serai pour tes yeux en quête de métal
mordoré par delà le monde, oui ton féal,
pour animer ton regard, vives opales.

Hélas, ce temps, ce monde ne sont plus ou point.
Je ne puis t'enlever là contre mon pourpoint.
Navré, avec les bergers qui sentent le suint,
j'incendie ces villages qui sonnent tocsin.

Puisqu'à mon mal n'existe aucun médecin
hormis le contact refusé de ton doux sein ;
alors là je me claquemure, car point saint,
avec ribaudes dénudées pour mes desseins.

Ce vide de toi est un immense trou noir
aspirant espoir en noces illusoires
et là j'envie vies simples d'infusoires
en leurs éblouissantes, gaies troubles baignoires.

En fait, le temps de l'attente m'est odieux.
Cent fois ai failli renoncer, dire adieu.
Mais je crois encore en avenir radieux
et alors enfin être heureux tous les deux.
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