Ce sifflement, cris d'engoulevent, ce long vent
use mes nerfs en râles. Ses sourds gémissements
déclenchent une envie d'ailleurs. Où ? Le Levant
et sa douce lumière pour les amants.
Hélas, le temps a passé ; il est déjà tard.
Le monde est arrivé avec ses tensions.
Il n'y a plus aucune prêtresse d'Ishtar,
me voici seul en cette malédiction.
Des gens sont encore là. Mais point d'hétaïres,
la banalité sous prétexte de vertu.
Dois-je m'embarquer pour ailleurs ? Vers le Zaïre
les chercher, chevaucher à bride abattue ?
Fi de ces conformismes bourgeois et rabougris,
je ferai ma longue chute sur le Zambèze.
Je refuse les choix contemporains aigris,
car souffrez qu'enfin je … vive … à mon aise !
J'aime le souvenir de ces époques nues
que je n'ai, hélas, pas vécues, né entre-deux
époques libérées que je n'aurais connues ;
plein de regrets, souffreteux et bien malheureux.
Faudra-t-il que j'émigre pour que mes frasques
ne heurtent pas les mœurs veules puritaines,
ô assemblée insupportable sous masque
de vertu, n'assumant pas mes gaies fredaines ?
Je l'avoue ; je vis comme j'aime, avec ardeur.
Au gré des sentiments, des dégoûts et mes goûts.
Vous reprochez de ma langue la verdeur,
sans y voir la sincérité de mon bagout.
Pharisiens, sépulcres blanchis au dehors !
Serais-je seul vivant à refuser le tombeau
de votre existence où attendez la mort ?
Je ne suis ni corneille, ni freux, ni corbeau !
Je refuse de parler en langue rauque ;
car je suis oiseau de joie, heureux rossignol
dont l'humeur illumine votre œil glauque
et vous éveille en sauts et cabrioles.