On y arrive par une rue,
Une descente,
Un glissement,
Le long de la colline.
Pour décor, une pile
Une pile de béton,
Immense colonne,
L’axe terre-ciel.
Et pour toit,
Le tablier de l’A6
Large à quatre voies
L’axe nord-sud.
La déchèterie
Dans les ors de l’automne,
Sous une pluie de lumière,
Où s’opère la conversion.
La barrière s’élève,
Libère le passage,
Carrousel lent,
Défilé de voitures.
Claquement de portières,
Les hayons s’ouvrent
Largement
Pour un grand déballage.
A la rumeur aérienne
Des transhumances invisibles
Résolution inébranlable
Je décharge le superflu.
Alignement de bennes
Gouffres toujours à remplir
Par lentes sédimentations,
Les strates du rancart.
Ailleurs des pyramides,
Equilibres instables
Amas en attente
D’un recyclage.
Sirène lente
Embarquement annoncé
Des containers saturés
Bourdonnement des compresseurs.
J’engage alors une danse,
Celle du délestage,
Du « Je ne veux plus. »
« A quoi bon ! »
La fête du bon débarras
« Ça encombre depuis longtemps »
Du « On ne sait plus quoi en faire »
« Ça ne peut plus servir à rien »
Comme une revanche,
Faire valser les objets,
Les entendre se fracasser
Et les oublier.
Les saisir, courir,
Les lancer, les projeter, revenir
En embarquer d’autres et les pulvériser,
Enthousiasme du cyclone.
Jeu d’un tri joyeux
Et sélection des matières,
Choix des compartiments
Avant abandon
La déchèterie,
L’euphorie de la libération,
L’allégresse de la transition,
La grâce du renoncement.