Un air de printemps en trilles aviaires.
Une brise enjôleuse me caresse
les bras, manches retroussées, membres découverts.
Voici de l’été, prémisses, promesse.
Il faut tailler les rosiers, orienter
la croissance et diriger de la sève
l’effervescence et en prévoir la montée.
Bientôt viendront siestes et rêves.
Les oiseaux se cherchent, interpellations
volubiles qui tournent entre les arbres.
Les plumes volent, lente excitation
contenue. Fin de l’hiver gris et macabre.
Les pics-verts en version européenne
des tam-tams, morse de nos forêts tempérées,
messages saccadés, forçats à la peine
tapant, cognant en leur rythme enfiévré.
Les insectes engourdis sortent de terre ;
les masques tombent, larves enfin adultes
en mouvements empêchés de grabataires
attendant soleil pour célébrer le culte
du printemps, annonce du monde renaissant.
La sève bouillonne dans les tiges, rameaux.
Sens-là dans nos cœurs le rugissement du sang.
Vois dans la plaine s’égayer tous ces hameaux.
Les jeunes filles en courtes jupes
aguichent les garçons en chemises blanches.
Chacun se regarde en coin, ballet de dupes.
Où sont donc passés damoiseaux et oies blanches.
Ces demoiselles balancent là leurs croupes
hypnotisant là les hommes avec leurs yeux
exorbités, langues pendantes. Quel groupe !
Laissez-moi vous dire : de la tenue Messieurs !
Et vous donc jeunes filles et gourgandines,
ne protestez pas de votre innocence.
Quand ainsi on avance et se dandine ;
ce n’est certes pas pour faire révérence.
Cependant, je ne boude pas là mon plaisir
en voyant le tricot de vos jambes le long
de la Seine, jupes dans le soleil. Rougir
en contemplant, plaisir de vieux barbon.