Elle était là, seule sur cette route.
Elle était drapée en discrète pudeur.
Je la regardais cœur en déroute
en mes oripeaux usés, vieux baroudeur.
Elle grelottait dans la bise du destin.
Elle était là pâle, courageuse, debout.
Quel était ce destin du petit matin ?
Je l'ignore car je ne suis point marabout.
Je m'avançais vers elle, en élan sincère.
Je m'avançais pour la protéger, simple pas.
Elle me regarda d'un œil las sévère,
regard direct à passer de vie à trépas.
Gente dame, votre champion souhaite
être. Mon cœur, mon bras sont ici là vôtres.
Un refus esquissé, geste de la tête,
mais sans parole comme romance autre.
Poussé par la fièvre, mordu par l'aspic
de son œil d'ambre, je lui prête épaule.
Je la sens se roidir, mais geste épique,
exige que chacun tienne son rôle.
Elle dit non de la voix, charmante chanson.
Elle dit oui du cœur qui bat en sa prison.
Secrète en sa pudeur, refuse rançon,
quand ses bras m'enlacent ici en déraison.
Je ne forcerai pas vos lèvres là scellées.
Souffrez que sur ce chemin je sois compagnon
le temps qu'il vous faudra, champion ensorcelé ;
le temps qu'il vous plaira à votre opinion.