Encore un vol dans le ciel cristallin
d'un hiver européen. Cet air polaire
étendu sur le pays, étreinte et froid câlin
qui en ports bloquerait même les galères.
Ce froid sec rend gai, atmosphère sans bourdon
ni d'ailleurs autre insecte sauf en esprit.
Là dansent libellules et beaux papillons
en élégant ballet, pas bien appris.
J'ai là en tête une gaie chanson d'été,
musique de cigales, chants, trilles d'oiseaux.
Les femmes sont belles, le monde est gaieté,
entrechats de jouvencelles et damoiseaux.
Simplement, tranquillement, là sur le tertre
à l'ombre de l'olivier, du laurier,
joie simple, profiter du bonheur terrestre
en regardant la mer, les vagues et voiliers.
J'ai pris une grande nappe avec carreaux,
fenêtre ouverte sur le pique-nique,
panier d'osier, assiettes, cristaux
pour un déjeuner sur l'herbe, non rustique.
Le champagne et le vin en seau, oui au frais,
sont là pour accompagner le bavardage
de la compagnie, tous deux seuls sans cri d'orfraie,
libres de persiflage en marivaudage.
Je vous imagine, charmante compagne,
cheveux et parole libres, les joues roses
enveloppées en pétales de champagne.
Souffrez qu'à vous effleurer enfin j'ose.
Ce déjeuner-ci me met l'eau à la bouche.
Vous voir détendue est une si grande joie.
Je vous en supplie ne soyez pas farouche.
Osons de nos sentiments suivre nos émois.
Vieille histoire, coutume sans gêne,
mais si! Un homme, une femme selon Lellouche,
nul besoin de Deauville, côte lointaine.
Croyez-moi il n'y a là rien de louche.
La transpiration ourle, perles nacrées,
vos lèvres. Les miennes sont sèches, cœur en vrac
quand je vous vois à mon côté, lointaine et près.
Le temps s'arrête. Adieu montre. Tic, tac.