La plume vole gratte, papier noircit.
Sois sage et sois plus tranquille ma folie.
Tu vas trop loin, vois donc ta muse qui pâlit
et n'ose pas te demander grâce, merci.
Levez donc l'ancre et virez aux cabestans.
Les chaînes craquent et noient les écubiers.
Voguons vers les anacardiers, caroubiers,
les palmiers, manguiers et les mangoustans.
Larguez les voiles, sentez les mâts se tendre
sous la douce caresse des vents alizés
en appel du voyage à réaliser.
Bougeons et partons. Il n'est plus temps d'attendre.
Le vent siffle et trille dans les haubans.
Les gabiers joyeux courent sur les vergues,
sapajous en troupeau qui ferlent et carguent,
les draps qui ombrent la dunette et mon banc.
La femme à la proue arbore moustaches
d'écume, la nef devenue femme à barbe.
Nous filons ailleurs loin d'ici, loin de Tarbes,
regardant se lever des aubes grenaches.
Je me vois déjà nager après les baleines,
virevolter, pirouetter en flots azur,
tâches de lumière, vraie lasure.
Oui. Les suivre, palmer à perdre haleine.
S'asseoir sur une plage, sous les palmiers
grillant des crabes sur un feu de cocos secs,
de lichens, bois flotté, algues autres varechs,
alors que je sors crayon du plumier.
Voir Vénus sortir des flots en sa majesté,
sourire moqueur aux lèvres en plis rieurs,
regard plissé de joie, les yeux pleins de chaleur,
apaisée, oui sereine sans anxiété.