Ce matin, en froides gouttes le ciel pleuvait,
moi allant mon chemin dans le noir, je rêvais
de paysages plus gais, vers où partir, voguer,
toute rancune et toute peine larguée.
Je veux de l'air ! Un souffle d'air, non une bise.
Les frondaisons se balançant sous la brise.
L'océan enfle, roule, déroule ses flots
en vagues majestueuses et lents rouleaux.
Je me repose, laisse filer ces sanglots
qui secouent mes épaules comme un grelot.
Une mouette sur le sable, lance son cri.
Je vois son œil noir, rond, idiot, et je souris.
J'entends, j'écoute le bruit du flot, de l'onde ;
les pinces des crabes claquent. Chant du Monde.
Alors, je sens le chagrin, bête immonde,
tomber de mes épaules. La joie m'inonde.
Il y aura un soir, une aube, un matin.
Un paysage neuf, sans mendiant ni catin,
dont l'éclatant été chassera le chagrin.
En hiver sur la glace nous ferons du patin.
Souriez, cela ira bien mieux dès demain.
Mon amie, venez. Donnez moi votre main.