Notre amour est un fier
et charmant navire.
Faut-il que je vous conquière ?
Vous pour qui je chavire.
Ailleurs, loin d'ici, voguons.
Même si le flot ne va nulle part,
que m'importe où nous naviguons,
quand dans vos bras je pars.
Dans une douce étreinte,
juste d'amour enveloppé,
laissons la joie se développer.
Ne cédant à nulle plainte,
chantons sans complainte
une belle et tendre mélopée.
L'arc gracieux
de vos yeux,
que soulignent vos sourcils,
dans la joie comme le souci,
mon paradis ou mon enfer
seul peut faire ou défaire.
Voguons donc
sur cette jonque.
Pour voir la Belle Province,
qui faut-il que j'évince ?
J'hululerai tel le hibou,
pour distraire le caribou.
Plein d'élan je ferai l'original,
afin qu'apparaisse l'orignal.
Ensemble sur un océan d'amour,
où toujours je vous ferai ma cour.
Sous le mât de misaine,
vous serez ma reine.
Pris à mon désir,
ma peine sera
d'être votre sire
et me réjouira.
De votre regard suave,
de ce charmant minois,
contemplé en tapinois,
laissez-moi être l'esclave.
Nulle chaîne n'est plus forte,
que celle que tressent vos cils,
dont les battements me réconfortent,
apportant la joie et chassant le souci.
Vous êtes ma Déesse Mère,
dont l'amour généreux,
la Nature régénère
et me rend heureux.