J’ai le mal de toi. Tu m’as bouffé le cœur et il reste là, ensanglanté.
Des tristes lambeaux de chairs sanguinolents pendent dans le vide de ma poitrine caverneuse.
Mes yeux suivent les fumées de la cigarette se consumant dans le cendrier. Ainsi s’écoulent mes heures au rythme des mégots, devant un écran peroxydé. De la rouille s’est glissée dans mon regard. Les couleurs de tes rires se sont perdues derrière la feuille détrempée de larmes des souvenirs. Je ne suis plus que les restes en décomposition de cette femme de jadis dévorée par un homme cannibale. Dans ta bouche, il ne te reste sûrement encore que le goût de mes mots effrités. Ton pic érigé en mon honneur se souviendra sans doute toujours de mes mains des promenades et des caresses. Jeux de main, jeux de vilains, jeux d’une catin à la langue affilée comme un couteau.
J’ai le manque de toi et je crève dans la mémoire.
Les pensées fusent dans ton cortex sans même daigner s’arrêter sur le squelette de mon image abandonnée contre la paroi de ton crâne. Tu as courtisé mes rêves, les laissant me prendre un par un dans un râle. Mais le harem des songes ne pouvait enfanter qu’une chimère avec un esprit stérile. Ils sont repartis, me laissant seule, nue dans le manteau transparent de la honte.
Tu m’as oublié sans mal
Ce mal d’aimer.
Aliss la Maliss