Bulle bleue suspendue en espace sans âge
Flottant dans l’air absent de ce noir paysage,
Elle roule sur elle-même tel un ballon perdu,
Rotations qui s’enchaînent, révolutions sans but
Pour faire tourner les têtes autour de la planète
Comme des petites billes sur le sol qu’on jette
Sans se soucier alors de les voir se casser
A trop vouloir y croire sans élan modéré.
Passion, terre adorée par nos âmes mesquines
Piquant, creusant sa croûte d’une humeur taquine,
Amour et inconscience façonnant le danger,
Raison déraisonnable de notre humanité
Telle une mère aimante ne pouvant se résoudre
A se débarrasser de ses violents petits
Qui jonchent son dos rond et son ventre meurtri
Par leur habilité à faire crier la poudre.
Dépendance agressive dénotant le progrès
Digne d’une sangsue agrippant un mollet,
Suceuse de substance, ogresse de la vie,
Elle use de sa bouche pour pomper sans merci
La jambe nourricière porteuse de son groupe
Dont l’esprit occupé à cracher dans la soupe
Ne semble pas comprendre que l’odieuse ventouse
Vole le corps entier sous l’habit de barbouze.
Pardonnant les offenses qui lui sont adressées,
La sphère indulgente assiste nos métiers,
Continuant à servir l’actionnaire boulimique
De ses ressources ciblées par l’enfant colérique,
Piètre maître déguisé en chef d’activité,
Sauveur désigné des vieilles sociétés
Qui composent le monde noble d’aujourd’hui,
Producteur affairé, de menaces en délits.
Intelligence amère, Montre-nous le futur
De ceux qui ne pansent pas la plaie ou la blessure!
Dessine nos campagnes désertes et désertiques!
Trace ces villes-là trop immenses, illogiques,
Sans t’escrimer longtemps à dépeindre la mer,
La montagne, le vent, le tremblement de chair
Lorsque la mort de l’homme impose la panique
Du peuple délirant sous ton œil critique!
"Malheureux celui qui,
en avance sur son temps,
se voit oublie avant d'etre connu."
Yvan Racine Courtois