372) Visite matinale :
Pareil aux vapeurs de l'aube
mon rêve d'Elle se dissipe
en volutes qui se dérobent.
Je fais la moue en triste lippe.
Sur la cavale de cette nuit
elle s'en est venue à pas légers
puis, me laissant en triste ennui,
s'est enfuie sans plus me déranger,
murmure en brise parfumée,
en froufrous comme robe de soie.
En narines extasiées, humer
ce souvenir, heureux comme roi
et triste comme un chien galeux.
Mon amour par-là s'en est passé
et je ne l'ai pas vue. Quel trouble.
Si proche et déjà dépassé ...
Et cette aube en ses roses
ne saurait être son doux parfum.
Lui seul saurait humeur morose
dissiper pour sourire enfin.
Les oiseaux, en leurs chants et trilles,
saluent un jour nouveau, illusion
dissipant le souvenir qui vrille
ma mémoire en sa confusion.
Un rayon de soleil, diffractions
colorées par cette fenêtre,
entre en joyeuse effraction
dans le triste fond de mon être
en une danse gaie chamarrée.
Son parfum s'en est allé, parti,
comme elle s'est évaporée.
Demeure son empreinte sertie
en mon âme et ma mémoire.
De mon palais parfois lugubre
elle est le joyau, la perle.
À son orient je me guide, foi
d'homme tout voué à elle.
Et quoique je sois triste parfois,
je sculpterai en ribambelle
les visages de la joie, heureux.
Sous le ciseau l'œuvre apparaîtra,
soutenue en maillet vigoureux.
J'espère que ceci lui plaira
si d'aventure elle revient
en ailes légères du rêve.
Ce jour-là, il y aura du vin,
du pain, du sel pour cette Ève
qui daignera enfin approcher.
Oui je fermerai la fenêtre,
non point pour ici me l'attacher,
mais respirer de tout mon être.