371) Vers vacants :
Le kérosène en odeurs lourdes d'ailleurs
parfums de voyage, d'avion, de promesse.
Partir pour autre lieu, envies de caresses
loin des corsets étouffant et des stricts tailleurs.
Le kérosène en odeur de lampe, brousse
la nuit en ombres féroces et sauvages
quand l'imagination peuple les parages
en silhouettes sombres qui flanquent la frousse.
Le kérosène en ses vapeurs noires grasses
nous propulse légers gracieux en nuages
sans autres incantations secrètes de mages,
juste en cette poussée d'hélices lasses.
Ce n'est que ceinture attachée que l'on peut
enfin se déplacer, bouger, enfin voler.
Voici une opposition bien décalée
entre ceinture et vol, excusez-moi du peu !
Dans les flancs de cette baleine, ô combien
de rêves, d'espoirs, d'amours et de désespoir
s'envolent en cet oiseau blanc dans le soir ?
Je l'ignore, je ne suis pas devin. Combien ?
Ce vol de retour ne mène donc nulle part.
Partir soit, mais partir juste pour revenir
c'est choisir toujours le passé, non l'avenir.
Ce retour n'est pas un nouveau départ.
J'aime l'odeur du kérosène dans le soir
quand la lanterne siffle et là grésille.
La mèche fulmine, le moustique grille.
J'aime ce cercle jaune repoussant le noir.
J'aime le kérosène en bruits de palmes
quand l'avion se pose calme sur la plage,
que tu descends héroïne du mirage
et que mon cœur bondit assiège mon âme.