365) À une biche :
Ce matin au bois, je fis une rencontre.
Derrière un fourré, une biche
en croupe alerte et vive m’aguiche
en petits sauts qui dérobent et qui montrent.
Deux délicates oreilles fines, ourlées,
frémissant dans la brise comme narines
à l’affût de chasseurs en humeur sanguine,
toujours en alerte en son repos troublé.
Là ! Deux boules brunes en un ocre profond
qui fixent et scrutent mobiles la pénombre
en insondables lacs innocents et sombres.
Regard franc, curieux comme celui d’un faon.
Un bruit. Un vif mouvement de l’encolure,
puis un saut agile en sa croupe blanche
qui s’évanouit, fantôme parmi les branches,
en fuite altière et pleine d’allure.
La voilà partie, sans regarder sa montre,
charmeuse en jolis petits bonds guillerets.
À peine vue, déjà pressée de m’oublier.
Ce matin au bois, brève rencontre.