À petits pas, menuet timide,
tu t’approches, puis tu te dérobes
en valse hésitante et fluide
dans les froufrous de ta lourde robe.
Et le désir s’accroît quand tu t’en vas
en sillage parfumé, épice -
rêve de Sumatra et de Java,
anticipation calme du passé.
Tes hanches, qui sous ta robe roulent,
me bercent comme cœur en ta paume
et je rêve plage, longue houle
pacifique, sieste sous la bôme
pour une croisière sur les ailes
du songe clair de ton regard calme.
Sous le pont de nos lèvres en baiser frêle
passe l’envie singulière d’âmes
s’effleurant, se cherchant et se fuyant,
ballet de papillons agiles
en leurs antennes palpitant, suppliant.
Comme le désir est bien fragile !
Et vient la lourde mousson humide
en nuages qui roulent et irriguent,
ballottant cet esquif où languide
je t’attends échoué sur la digue
de ta réserve et de ta pudeur.
Ce sont remparts fermes et féroces
que j’assiège avec grande ardeur
et je m’y heurte – cabosse.
Cabosse comme chocolat.
Si si. Parfois me sens marron
avec la tête enflée tout à plat
et l’air courge comme un potiron.
Mais les vapeurs chaudes de ce breuvage
me consolent en longues volutes
quand tu refuses compagnonnage
alors que je te joue mes airs de luth.
Et par-dessus le fin bastingage
regarde la mer, ces fières tortues,
seules mandolines du rivage
par le flux et le reflux rebattues.
Les palmes seront notre bel auvent
agité en leurs langueurs océanes
en parfums d’alizés ou autres vents
marins pour soulager cœurs en pannes.
Et le ressac en son gai murmure
sera opium sur nos veines tendues
apaisement lent comme bromure.
Rêve de nous en regards entendus.
Sujet: Un songe d'elle 