XC. La Belle-Epoque :
Odeurs de glycine, parfums pavillonnaires.
Sous le printemps, non la plage, déjà l'été
en effluves violettes et débonnaires,
senteurs romantiques pour esprit excité.
Or chaque fois que j'ouvre là mes narines,
d'un siècle je rajeunis, belle époque.
En robes élégantes et mousselines
passent dames dont nul ici ne se moque.
Sous le vieux chêne moussu la demoiselle
fait la moue et bavarde avec son galant
qui gentiment pousse cette balancelle
en un rythme doux apaisant et lent.
Les plus jeunes sur la pelouse s'ébattent,
robes à rubans et là culottes courtes.
Tandis que le chat sur le perron se gratte
un vieux robinet s'enfuit goutte à goutte.
Une flamme pâle en verte opale.
En indifférence animale, feinte
dureté blasée, la bête minérale
là se lèche et nous regarde sans crainte.
Une fauvette, notable de pelouse,
se pose et chasse les petites mésanges
en argument de poids. Un drôle de blues
pour les petits oiseaux qu'elle dérange.
Sous la charmille des cris appellent Léon.
En roues vertes et yeux bleus, voici les indiens
en flûtes de Pan et leurs parures de paons,
lente pavane de Rameau, mine de rien.
Un cri rauque déchire la rêverie.
Non point « honk » mais mugissement bien moderne
et adieu fiacre et vrombit un taxi.
Au revoir à cette époque lointaine.
Retour en ce monde là, vers le présent
où rien n'est offert, où je scrute l'avenir.
Et dans cette brise parfumée, je te sens
et me demande si tu veux enfin venir.
Sujet: La Belle-Epoque 