XI. La nave va :
Sur le vieux sofa, la main sur l'oreille
appliquée rêveusement en une conque,
je sommeille et que nul ne me réveille.
J'entends la mer et je rêve de jonques.
Mollement ballotté sur la Mer de Chine
sous un soleil tropical bien chaleureux,
je me repose de rêves de nuits câlines
et des exploits fougueux et transports amoureux.
Oui, je vous le dis, j'ai des langueurs marines
forte envie. Ailleurs, loin d'ici s'en aller.
J'ai d'autres îles un parfum en narines,
où après d'accortes vahinés cavaler.
Je les imagine lascives, félines.
Chattes et panthères en poses et griffes,
quand souvent demandent puis hélas déclinent
mes faveurs. Et je reste comme anatife
collé à la coque du navire brisé
de mes pauvres impulsions érotiques.
Ces séductrices se dérobent à mes baisers.
J'ignore de leurs cœurs l’arithmétique.
En cris effarouchés les oiseaux s'égayent
me laissant seul le cœur battant, pathétique
métronome branlant solitaire, arqué
de frustration en cadre bucolique.
Repartons alors vers d'autres cieux cléments
et laissons-nous bercer par la longue houle
océane. Suivons du compas cet aimant
et écoutons le chant du sang qui s'écoule.
Ce canapé est de mon rêve dunette
d'où je regarde le futur qui s'étend
derrière les brumes de l'avenir, cet
insaisissable fugitif toujours courant.