Depuis quelques jours le massacre continue dans cette région perdue du Caucase. Retranchées dans leurs campements rustiques, les Amazones subissent les assauts incessants des Grecs qui ont décidés d’en finir avec ces terribles femmes guerrières. La violence et la cruauté des combats sont terrifiantes, encore plus sauvages que lors de la guerre de Troie. Ce génocide impitoyable des Amazones risque de s’avérer définitif devant la ruée des hoplites grecs qui les exterminent les unes après les autres. Malgré leur irrésistible courage, elles ne peuvent plus lutter contre la barbarie grecque et bientôt, il n’en restera plus aucune, balayées de la scène terrestre.
Artémis, leur déesse protectrice est révoltée, sidérée devant un tel carnage. Elle ne peut accepter une telle issue pour ces femmes qu’elle chérit tellement. Toujours par le passé les splendides reines des Amazones ont fait appel à leur déesse de la chasse. Jamais elles n’ont manqué de dévotion envers Artémis, la plus sauvage des déesses olympiennes. Mais aujourd’hui, il faut se rendre à l’évidence, les dieux ont décidé d’abandonner ces courageuses femmes qui achèvent leurs destins de guerrières dans le sable désertique du Caucase. Au moment où la dernière reine explose sa rage de mourir, transpercée par un glaive spartiate, Apollon se présente à sa sœur Artémis, encore ahurie devant ce spectacle insoutenable, même pour une déesse de son acabit. Artémis pose sa tête contre l’épaule de son frère jumeau en sanglotant :
- Cette fois-ci, c’est bien fini
- Pas vraiment car regardes derrière cette colline, ne distingues-tu pas trois étranges silhouettes ?
- En effet mais qui sont ces trois jeunes filles ?
- Trois rescapées à coup sûr, descendons les voir
Apollon et Artémis s’approchent des trois Amazones terrorisées par l’effroyable carnage qu’elles viennent de vivre. Toutes leurs compagnes ont péri sous la cruauté des Grecs. Désespérées, elles fuient à l’aveuglette dans le décor sauvage du Caucase. Au moment où elles aperçoivent les dieux sous leurs formes humaines, les trois Amazones se précipitent au fond d’une grotte, humble cachette pour les divins. Apollon est le premier à s’adresser à elles :
- Vous pouvez sortir de votre cachette, vous n’avez rien à craindre de moi, encore moins d’Artémis votre déesse.
Très vite, les Amazones réalisent la véracité des propos du dieu. Elles sortent de leur cavité précaire en sanglotant, déconcertées, perdues dans l’univers terrien. Les dieux de l’arc s’empressent de les réconforter :
- Vous êtes les trois dernières Amazones et nous allons nous attacher à préserver votre race
Même si nous devons attendre des milliers d’années, nous saurons reconstituer la Communauté des Amazones.