Devant l’estaminet
S’attroupent les ribauds,
En rangs agglutinés.
Pire que des badauds.
J’entre en cette auberge
où s’enivrent les larrons
la main sur la flamberge
toisant ces ivres poltrons.
Toi l’aubergiste pansu !
Ton fort tour de poitrail
Annonce que bien reçu
Serai pour faire ripaille.
A la cuisine, la marmaille !
Qu’on s’active et tranche
Et prépare les cochonnailles.
Servante ma soif étanche !
Ribaudes et friponnes
venez donc me rejoindre.
Ce jour mon humeur est gloutonne
et mon appétit n’est pas moindre.
Qu’ainsi la panse me remplisse
et qu’en même temps me délassent
les caresses de vos doigts complices
alors que vos corps chauds j’enlace.
Venez me satisfaire sans feindre,
Accortes et gaies luronnes !
Laissez-moi-vous étreindre
En une sarabande friponne.
Or donc gargotier ! Où est le vin ?
Je me restaure et lutine
Mais pour boire, cherche l’échevin.
Et épargne-moi ta bibine.
Le porcelet dans l’âtre tourne.
Les braises sifflent et grésillent.
Dehors le peuple s’en retourne,
Dispersé par le froid grésil.
Les flammes colorent les faces rougeaudes,
De la masse bruyante, suante, gluante
De ces tire-laines, ribauds et ribaudes
Toute cette humanité grouillante.
Il suffit. De cette foule je suis lassé.
Dispersez ces parasites sycophantes.
Je ne veux pas de témoin pour la nuit. Assez !
Je profiterai seul de ces intrigantes.