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 LE PROCES

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MessageSujet: LE PROCES   LE PROCES EmptySam 21 Mai - 18:18

Rodrigue et Anne Christelle semblaient vivre le grand amour. Sous leurs grands yeux sourds, leurs rêves avares et muets, ils pêchaient chaque jour, avec voracité toujours grandissante le blanc bonheur qui descendait parfois baiser leurs matins fainéants de Nkolbisson. Ils se surprenaient à défier la vie qui pourtant leur réservait un bien sombre destin. Si Anne Christelle avait su un moment le secret de Rodrigue, elle n’aurait pas pu avec tant d’outrecuidance défier le ciel de ne pouvoir jamais lui ôter l’or de sa vie. Deux mois et demi presque de vie commune à faire planer leur soif d’amour sur la catholique colline de Nkolbisson allaient pourtant crasher sur le du Tribunal de Première instance de Yaoundé centre ville.

La bohème en lambeaux et l’avenir au shéol, Anne Christelle buvait désormais ses rigoles de larmes depuis qu’elle venait d’apprendre sa séropositivité. Rodrigue lui avait-il dissimulé sa maladie à dessein ou par oubli ? Cela ne semblait plus la préoccuper. Elle était plutôt résolue à en découdre devant la justice avec son bourreau. Sous la houlette de l’incorruptible Président du Tribunal de Première Instance de Yaoundé, Paul NGANG MBILE surnommé « Révérend », une bataille devait départager nos ex tourtereaux que les avenis nostalgiques allaient bientôt rappeler à la triste réalité de la vie.

ACTE I


LE GREFFIER : Ministère public et Mlle Anne Christelle Nyemb contre Sieur Rodrigue Mbella

Les parties s’avancent devant la barre, remettent leurs cartes d’identité a l’agent de police qui à les remet au greffier.

Le Président : (s’adressant au prévenu) Vous êtes bien Monsieur Rodrigue MBELLA né le 06 juin 1983 à Douala fils de Patrick MBELLA et de Madame MBELLA née Viviane Ngo Biyag, étudiant à l’université catholique de Yaoundé ?

RODRIGUE : oui votre honneur, c’est bien moi.

LE PRESIDENT : (s’adressant à Anne Christelle) Et vous mademoiselle, vous êtes bien Anne Christelle NYEMB née le 27 février 1987 à Mbalmayo, fille de Frédéric NYEMB et de Paule Jeannine KONDO

ANNE CHRISTELLE : oui votre honneur c’est bien moi.

LE GREFFIER : Monsieur Rodrigue MBELLA étudiant à l’université catholique de Yaoundé et domicilié au campus de Nkolbisson est accusé d’avoir volontairement transmis le VIH SIDA par voie sexuelle à mademoiselle Anne Christelle NYEMB. M. Mbella est représenté par Me. ZOUGA VERGES.


LE PRESIDENT : Me. ZOUGA votre client souhaite-t-il être jugé sur le champ ou désire-t-il v un délai pour préparer sa défense ?

Me ZOUGA : Mon client souhaite être jugé sur le champ votre Honneur.

LE PRESIDENT : Que plaise-t-il ?

Me ZOUGA : Mon client plaide non coupable votre Honneur !

Le Président : Les preuves fournies au dossier du prévenu ont été estimées suffisantes par ce Tribunal. Le prévenu peut donc présenter ses moyens de défense.
Monsieur Zouga votre client sait-il qu’il a le choix entre faire sans serment toute déclaration pour sa défense, ne faire aucune déclaration ou déposer comme témoin sous serment, qu’il ne lui sera posé aucune question s’il choisit de ne rien dire ou de faire une déclaration sans serment ? sait-t-il que s’il choisit de déposer comme témoin sous serment le Ministère Public, la partie civile et le Tribunal pourront lui poser des questions, et que toutes les déclarations faites sous serment auront plus de force probante ?

Me ZOUGA : Oui votre Honneur !

Le Président : Alors que décide votre client ?


Me ZOUGA : mon client choisit de déposer comme témoin sous serment.

Le Président : La défense a-t-elle des témoins à faire entendre et d’autres éléments de preuve à présenter au cours de cette audience ?

Me ZOUGA : oui votre honneur !

Le Président : Alors le Ministère public peut commencer avec l’audition de ses témoins.

Le Procureur : Merci votre Honneur ! Le Ministère public appelle à la barre Mlle Anne Christelle Nyemb !

(Anne Christelle dans une robe noire, l’air décontenancée s’installe à la barre})

Mademoiselle Anne Christelle Nyemb jurez-vous de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Levez la main droite et dites je le jure.

ANNE CHRISTELLE : (la main droite levée) je le jure.

Le Procureur : Mlle quelle était la nature de vos relations avec le prévenu M. Rodrigue Mbella

Anne Christelle : j’ai rencontré le 24 décembre 2007 au Québec Night Club il y a environ deux mois et demi. Il m’a fait la cours et ça a été le coup de foudre.

Le procureur : Quand avez-vous décidé de vivre ensemble ?

Anne Christelle : Apres cette soirée j’ai eu quelques problèmes de loyer et il m’a proposé de m’installer chez lui. Nous avons vécu ensemble pendant presque deux mois.

Le Procureur : dans sa chambre d’étudiant au campus de Nkolbisson

Anne christelle : Non il a une chambre plutôt à l’extérieur dans une mine citée

Le Procureur : La mini cité Los Amigos précisément !

Anne Christelle : oui c’est exact ;

Le Procureur : Etiez vous au courant en vous installant chez lui qu’il était séropositif ?

Anne Christelle : Non, mais je lui avais proposé à maintes reprises de faire avec moi un test de dépistage. Il atermoyait toujours. Finalement nous l’avons fait chacun de notre coté.

Le Procureur : Quels en ont été les résultats ?

Anne Christelle : Le mien était négatif.

Le Procureur : Et le sien ?

Anne Christelle : il était négatif aussi.

Le Procureur : Comment avez-vous donc appris qu’il était malade du SIDA ?

Anne Christelle : j’ai été contacté le 18 avril 2008 par une certaine Mélanie Tchamgoué. Elle m’a mis en garde contre Rodrigue en m’apprenant qu’il était séropositif.

Le Procureur : Qui est cette Mélanie ?

Anne Christelle : son ex petite amie. Elle m’a dit qu’elle avait découvert le résultat d’un test qu’il avait effectué lors d’une visite médicale à l’université et que ce test était positif.

Le Procureur : Vous a-t-elle montré ces résultats ?

Anne Christelle : Oui. Elle en avait fait plusieurs copies et m’en avait remis une quand on s’est rencontrée.

Le Procureur : Et qu’avez-vous fait ensuite ?

Anne Christelle : j’étais hystérique. Je n’en revenais pas. J’en ai parlé avec Rody

Le Procureur : vous voulez dire M. Mbella !

Anne Christelle : Oui, et je lui ai demandé des explications. Il m’a répondu que Mélanie était jalouse et qu’elle n’avait jamais supporté leur rupture. Qu’elle était prête à tout pour nous séparer.

Le Procureur : L’avez-vous cru ?

Anne Christelle : un moment oui ! Mais quand j’ai refais mon test le 12 mai 2008 et qui s’est avéré été positif. Là j’ai su que les résultats que Rody m’avait montrés étaient des faux. Rody m’a menacé de me faire du mal si jamais j’ébruitais cette histoire. Mais j’étais tellement en rage que j’ai décidé de lui faire payer pour qu’il ne puisse plus jamais faire du mal à personne.
Le Procureur : Entreteniez-vous des rapports sexuels non protégés avec monsieur Mbella ?

Anne Christelle : oui nous en avions eu à plusieurs reprises

Le Procureur : et pourquoi ne songiez vous pas à vous protéger vu toutes les mises en garde contre le VIH que nous savons tous assez vulgarisées ?

Anne Christelle : Je lui faisais confiance, nous n’étions pas malades, du moins c’est ce que je pensais avant de découvrir que ce salaud porte la mort en lui.

Le procureur : avez-vous des raisons de penser que M. Mbella a tenté volontairement durant votre relation de vous infecter et que finalement il y est arrivé,

Anne Christelle : c’est évident ! Sinon il m’aurait prévenu qu’il était malade et j’aurais eu à faire un choix.

Le procureur : lequel mademoiselle ?

Anne Christelle : Mais celui de pas me suicider en couchant avec lui sans protection !

Le procureur : Merci mademoiselle. (En regagnant son siège)

Le Président : Me Zouga vous pouvez interroger le témoin.

Me Zouga : Mademoiselle Nyemb êtes vous certaine que mon client n’utilisait pas systématiquement le préservatif à chaque rapport ou alors qu’il y tenait et qu’à chaque fois vous vous y opposiez ?

Anne Christelle : Rody n’a jamais utilisé de capote.

Me Zouga : mademoiselle Nyemb, n’est-ce pas parce que vous n’aimiez pas qu’il en porte ? Que vous répugnez même à l’usage de tout contraceptif ?

Anne Christelle : c’est vrai, nous n’en utilisions jamais parce que je suis catholique et on nous l’interdit. Rody m’avait promis de m’épouser à la fin de nos études et c’est pour cela que je me suis donné à lui comme ça.

Me Zouga : Mais n’était-ce pas une négligence de votre part puisque vous affirmez qu’il atermoyait à toujours quand vous lui demandiez de faire un tes de VIH.

Anne Christelle : je lui ai fait aveuglément confiance, je le considérais comme mon futur époux, il avait donc droit à ce que je sois patiente.

Me ZOUGA : mademoiselle vous avez affirmé que vous aviez un problème de loyer avant de vous installer chez M. Mbella !

Anne Christelle : Oui, je ne bénéficie plus de l’aide de mes parents. Alors j’ai du mal à arrondir mes fins de mois.

Me Zouga : Pour quelles raisons vos parents ne prennent-ils plus en charge vos frais d’hébergement ?

Anne Christelle : Ils ont des problèmes en ce moment je dois me débrouiller.

Me Zouga : Et que faisiez-vous pour joindre les deux bouts avant de rencontrer M Mbella ?

Anne Christelle : avec l’aide de quelques amis j’arrivais à tenir.

Me Zouga : Mademoiselle, vous est-il déjà arrivé de vous prostituer ?

Le Procureur : Objection votre honneur ! La question est hors propos

Me Zouga : Votre honneur, la défense a de quoi penser que mademoiselle Nyemb n’est pas aussi de bonnes mœurs qu’elle veuille nous le faire croire.

Le Président : Objection rejetée. Veuillez répondre mademoiselle

Me Zouga : (lui donnant des documents) reconnaissez-vous ces documents ?

Anne Christelle : Non !

Me Zouga : Monsieur le Président veuillez faire enregistrer le document comme numéro 1 des pièces à conviction de l’accusation. Mademoiselle ce document est un registre tenu à l’hôtel FARADAY sis à Bastos. Je ne vous apprends rien en vous disant que les noms qui figurent dans ce registre sont ceux de filles que l’hôtel met à la disposition de sa clientèle masculine pendant le séjour de celle-ci. Vous ne le reconnaissez toujours pas ? Je vous rappelle que vous êtes toujours sous serment !

Anne Christelle : Non !

Me Zouga : ouvrez le registre à la page douze et dites nous ce que vous voyez.

(Anne Christelle reste muette)

Me Zouga : il s’agit d’un Cv que vous avez déposé a l’hôtel FARADAY.Ceci montre mademoiselle que vous appartenez à un réseau de prostitution bien ficelé qui utilise des filles et surtout des étudiantes dans votre situation ?

Le Procureur : objection votre honneur ! Ce document n’est qu’une présomption de prostitution de ma cliente sans preuve matérielle la fondant. La défense n’émet que de simples hypothèses.

Me Zouga : La défense entend démontrer au cours de l’audience que mademoiselle Nyemb a pu être contaminé durant ses activités à cet hôtel et partant, a pu mettre sa santé et celle de M Mbella en danger.

Le Président : Mais vous ne faites qu’émettre des hypothèses Me Zouga sans en apporter de preuves matérielles. Objection retenue.

Me Zouga : Mademoiselle Nyemb connaissiez-vous votre statut sérologique avant de rencontrer M. Mbella ?

Anne Christelle : oui. J’avais effectué un test VIH le 11 novembre pendant les visites médicales à l’infirmerie de l’université. Il était négatif.

Me Zouga : Aviez-vous refait un test de confirmation comme le recommande parfois les médecins ?

Anne Christelle : Non.

Me Zouga : On peut donc supposer mademoiselle que vous étiez déjà malade avant de rencontrer Rody ?

Le procureur : objection votre honneur ! Encore une simple hypothèse sans fondement.

Me Zouga : je retire ma question. Ce sera tout votre honneur.

Le Président : Le ministère Public souhaite-t-il réinterroger le témoin ?

Le Procureur : non votre honneur !

Le Président : vous pouvez quitter la barre mademoiselle. Faites entendre votre prochain témoin Mlle Dubuisson ;

Le Procureur : Le ministère Public appelle mademoiselle Tchamgoué à la barre !

(Mélanie s’installe à la barre et prête serment)

Le Procureur : Mademoiselle Tchamgoué dites-nous quels ont été vos rapports avec M. Mbella.

Mélanie : j’ai rencontré Rodrigue au bal des finissants des élèves du collège Libermann quand nous faisions terminale. Nous sommes sortis ensemble nos trois premières années de Fac à l’UCAC.

Le Procureur : Vous voulez dire a l’université catholique ?

Mélanie : oui.

Le procureur : M. Mbella présentait-il des signes apparents de maladie ?

Mélanie : Non il pétait toujours la forme. Il a été capitaine de l’année de Basket trois années successives.

Le Procureur : Et vous. Etiez-vous également en parfaite santé.

Mélanie : oui j’étais aussi en bonne forme.

Le Procureur : Comment avez-vous découvert la séropositivité de M Mbella ?

Mélanie : j’insistais toujours pour que nous fassions un test de VIH ensemble. Et il s’y opposait presque toujours farouchement, affirmant qu’il était certain de sa bonne forme. Un jour Rodrigue et moi avions eu une dispute parce qu’il refusait d’aller se faire à l’hôpital. Une méchante grippe l’avait cloué au lit et l’empêchait d’aller aux entraînements. En cherchant dans ses affaires son carnet de santé, je suis tombé sur une enveloppe qui portait le cachet de l’infirmerie de l’université. C’était les résultats positifs d’un test de dépistage de VIH.

Le Procureur : De quand dataient ces résultats ?

Mélanie : ils dataient du 22 oct. 2005.

Le Procureur : Quelle a été la réaction de M Mbella quand il a su que vous étiez au courant de sa séropositivité ?

Mélanie : Il a menacé de me faire du mal si j’en parlais à quelqu’un d’autre.

Le Procureur : aviez-vous pendant que vous sortiez avec lui entretenu aussi des rapports sexuels ?

Mélanie : Je m’y opposais. J’avais appris qu’il fallait se méfier de coucher avec les hommes parce qu’après ils finissent toujours par se débarrasser de vous. J’ai pu tenir les deux premières années de notre relation mais quand Rody a menacé de me quitter si je ne changeais pas d’avis j’ai du transiger.

Le Procureur : étaient-ce des rapports protéges ?

Mélanie : Pas toujours.

Le Procureur : Avez-vous continué d’avoir des relations sexuelles avec Rody après avoir découvert qu’il était séropositif ?

Mélanie : bien sur que non ! Très inquiète et bouleversée j’avais refait un test de VIH et il était positif. Mes études en ont pris un sérieux coup. Je pouvais en parler à personne tellement j’avais honte et surtout peur que plus personne ne veuille m’approcher. Personne ne doit vivre une situation pareille
(Elle s’effondre en larmes)

Le Président : Reprenez-vous mademoiselle, prenez quelques secondes pour vous ressaisir.

Mélanie : Non votre Honneur ça ira.

Le Procureur : Est-ce pour cette raison que vous avez contacté mademoiselle Nyemb, parce que vous vouliez empêcher Rody de nuire ?

Mélanie : Quand j’ai appris pour elle et rody je me suis dit qu’il fallait que j’agisse vite pour la sauver mais ça semblait trop tard.

Le Procureur : M. Mbella a-t-il appris par la suite que vous étiez malade ?

Mélanie : je le lui avais dit. Tout ce que cet imbécile a trouvé à dire c’est qu’ensemble on pouvait surmonter cette lourde épreuve. Seulement je n’ai jamais demandé à la surmonter cette épreuve. (En hurlant les yeux revanchards fixes sur M. Mbella)

Le Président : veuillez vous contrôlez mademoiselle !

Le Procureur : reconnaissez-vous ce document mademoiselle Tchamgoué ?

Mélanie : oui. C’est les résultats de Rody que j’avais découverts. Je les avais gardés en ma possession malgré toutes ses menaces.

Le procureur : Veuillez faire enregistrer votre Honneur ce document original au numéro 2 des pièces à convictions du Ministère Public.
(Après avoir examiné la pièce)
Le Président : greffier veuillez enregistrer la pièce.

Le Procureur : Mademoiselle Tchamgoué comment vivez-vous votre maladie actuellement ?

Mélanie : j’ai été prise en charge par l’université. Je suis sous trithérapie. Tous mes amis m’ont abandonné quand ils ont appris pour ma maladie.

Le procureur : vous n’êtes donc plus cette fille dynamique qui était plein de rêves et de vie. Votre vie a été gâchée par cette maladie, gâchée par Rodrigue.

Mélanie : Il n’y a plus que l’espoir pour me faire vivre maintenant. A cause de ce porc ma vie ne tient plus qu’a des comprimés infectes à (Sur un ton furieux)

Le Président (frappant sur la table avec une voix autoritaire) : Mademoiselle ! Veuillez éviter des propos injurieux devant la Cour.

(Manifestations dans la salle)

Le Président : Silence !

Un auditeur (debout en indexant Anne Christelle) : Mélanie arrête de raconter des bêtises sur
Rody après tout ce qu’il fait pour toi pour que tu intègres notre fraternité. C’est comme ça que tu le remercies ?

Le Président (frappant très fort sur la table et l’air très furieux) : Monsieur la Cour ne tolère pas pareil comportement. Veuillez quitter la salle !

L’auditeur : T’as jamais pu réussir quelque chose d’autre dans ta minable vie que de choper le SIDA et c’est un innocent qui doit payer à ta place ! T’as tout ce que tu mérites !

Le Président : Monsieur je vous condamne pour outrage à la Cour à une peine d’incarcération de 24h. Qu’on veuille bien se saisir de monsieur.

(Les agents de la force de l’ordre escortent l’auditeur qui s’oppose énergiquement en promettant de lui faire payer sa traîtrise)

L’auditeur : j’ai toujours trouvé que t’avais la langue trop bien pendue on te la couper ;
(Désapprobation dans la salle)

Le Président : La Cour ne tolèrera plus aucun incident de la sorte ou se verra tenue d’évacuer toute la salle. Ce sera le dernier avertissement de la Cour.

(Apres une courte pause de silence)

Le Ministère Public peut continuer.

Le Procureur : Ce sera tout pour le Ministère Public votre honneur !

Le Président : Me Zouga !

Me Zouga : Pas de question votre honneur !

Le Président : l’audience est suspendue pour 30 minutes. Elle reprendra à 16h30.


ACTE II
(Après la pause)

Le Président : Nous pouvons reprendre l’audience. La Cour tient à rappeler à la salle que toute manifestation de désapprobation ou d’approbation est interdite. Le ministère Public peut continuer l’audition des témoins

Le Procureur : Le Ministère Public appelle à la barre M. Rodrigue Mbella

(Rodrigue s’installe à la barre et prête serment)
M. Mbella, depuis combien de temps êtes-vous séropositif ?

Rodrigue : Je ne l’ai appris que lorsque Mélanie a découvert les résultas des tests que j’avais effectués à l’université.

Le Procureur : Comment expliquez-vous le fait que vous ayez fait un test et que ce soit quelqu’un d’autre que votre médecin qui vous en fait découvrir les résultats ? Admettez monsieur que c’est difficile à croire !

Rodrigue : Avant Mélanie je n’avais pas encore connu de femmes. En faisant ce test j’étais persuadé que je ne pourrais jamais avoir le SIDA.

Le Procureur : vous êtes sous serment M Mbella !

Rodrigue : Oui, et j’insiste que c’est Mélanie qui m’a informé pour la première fois que je suis séropositif.

Le procureur : M Mbella saviez-vous que l’Université Catholique prenait en charge 60% de la scolarité des étudiants séropositifs à condition que vous en fassiez expressément la demande que vous devez joindre à votre dossier d’inscription ?

Rodrigue : Avant d’entrer à l’UCAC je l’ignorais ;

Le Procureur : Quand l’avez-vous donc appris ?

Rodrigue : je l’ai su quand j’ai découvert ma maladie avec l’aide de Mélanie. Juste après j’avais effectué un autre test à l’infirmerie de l’université qui fut confirmatif. J’ai donc appris l’existence de cette bourse que l’on accordait aux personnes malades comme moi.

Le Procureur : Donc vous insistez sur le fait que vous ne saviez pas dès votre inscription en première année de Licence que vous aviez le SIDA ! Et qu’implicitement vous accusez mlle Tchamgoué de vous avoir transmis le VIH puisque vous dites n’avoir connu aucune femme avant elle !




Me ZOUGA : Objection votre Honneur ! Le Ministère public ne fonde ses allégations sur aucune preuve matérielle et ne s’attarde que sur des hypothèses.Ca nous ralentit votre Honneur !


Le Président : Le ministère Public a-t-il des preuves concrètes pour étayer ses arguments ?

Le Procureur : Certainement votre Honneur.

Le Président : Faites nous donc plaisir Mlle Dubuisson et gagnons du temps si ce n’est pas trop vous demander.

Le Procureur : Nous nous sommes fait délivrer par votre université votre dossier d’inscription M. Mbella que nous déposons d’ailleurs comme pièces à conviction n°3. Votre Honneur nous prions de remarquer que sur la fiche d’inscription de M. Mbella, ce dernier a déclaré être porteur du VIH. Nous rappelons le dossier date du 10 novembre 2003.

Le Président : M Mbella reconnaissez vous ce dossier ? Est-ce bien votre signature qui figure sur la fiche d’inscription ?

Rodrigue : Non je suis désolé ce n’est pas la mienne.

Le Président : M. Mbella le faux témoignage est durement sanctionné. Reconnaissez-vous que ce dossier est bien le votre, il s’agit d’un document original délivré par votre université.

(Après une courte réflexion)

Rodrigue : Oui c’est bien mon dossier sauf que je ne signe plus de la même façon.

Le Procureur : M Mbella, veuillez nous préciser quelles ont été vos fonctions à la Société Cash & Carry sis à Nkoléton Yaoundé ?

Rodrigue : J’y ai travaillé en tant que agent commercial temporaire pendant cinq mois.

Le Procureur : Et quelles sont les raisons qui ont motivé votre départ de la société.

Rodrigue : Je devais préparer ma Licence et l’Université ne nous permettait pas de travailler. Les études à l’UCAC sont mortellement épuisantes j’arrivais plus à concilier les deux activités.

Le Procureur : c’est faux M. Mbella ! Vous avez été licencié de CASH & CARRY parce que vous étiez séropositif. Votre employeur l’avait découvert après une visite médicale imposée à tout son personnel et n’entendait pas avoir dans son service commercial des agents séropositifs.
Votre Honneur voici un extrait de procès verbal de conciliation relatif au conflit qui a opposé le prévenu avec son ancien employeur à enregistrer au n° 4 des pièces à conviction de l’accusation.



Me Zouga : votre Honneur tout cela ne prouve toujours en rien que mon client a contaminé la victime, Mlle Nyemb !

Le Procureur : pièce à conviction n° 5. Ceci ; votre Honneur, sont les résultats d’un test de grossesse effectué par Mlle Nyemb à l’Hôpital central de Yaoundé le 16 mars 2008. M Mbella n’avez-vous pas eu un incident lors d’un de vos multiples rapports sexuels avec Mlle Nyemb entre le 10 et 12 février 2008 ?

Rodrigue : heu ! Je ne m’en rappelle plus.

Le Procureur : Oh que si M. Mbella ! Vous devez sans aucun doute vous rappeler qu’au cours d’un rapport sexuel avec mlle Nyemb votre préservatif à éclater et par la même occasion vous avez mis enceinte Mlle Nyemb.

Rodrigue (exaspéré) : oui, oui il avait éclaté mais je ne l’ai jamais mis enceinte, elle me l’aurait sinon ! Elle a toujours su que jamais je n’aurais mis sa vie en danger !

Le Procureur : Mais si vous preniez autant soin d’elle pourquoi lui avoir fait croire que vous n’étiez pas malade en lui montrant des faux résultats ? Etant entendu, et nous l’avons clairement prouvé, que vous vous saviez parfaitement infecté par le VIH !

Rodrigue : Moi je l’aimais ! Je l’aurais perdue si je lui avais dit la vérité. Elle m’aurait certainement quitté, je n’aurais jamais supporté ça !

Le Procureur : comme vous n’avez pas supporté la rupture avec Mélanie ! Mais la vérité M. Mbella c’est que vous avez dissimulé votre statut sérologique à Mlle Tchamgoué et Mlle Nyemb, ce qui nous fait penser que c’est dessein que vous l’avez fait, vous vouliez vous venger du fait que vous soyez malade et que vous ne le méritiez pas . Vous êtes un criminel !

Me ZOUGA : Votre Honneur, Mlle Dubuisson se substituerait-elle à notre législateur pour qualifier mon client de criminel ?

Le Procureur : Désolé, je retire mon propos. Cependant les preuves que nous avons présentées parlent d’elles-mêmes. Si Mlle Nyemb ne vous a rien dit à propos de sa grossesse c’est parce qu’elle ne voulait pas vous inquiéter. Vous prépariez les jeux universitaires et elle estimait ne pas devoir vous déconcentrer.

Me ZOUGA : Votre honneur le Ministère Public semble être à cours d’inspiration pour ne pas pouvoir nous apporter aussi la preuve qu’effectivement mon client était l’auteur de cette grossesse. Où est donc passé le fruit de cette grossesse ?

Le Président : Mlle Dubuisson qu’avez-vous à y répondre

Le Procureur : Voici votre honneur un document original établi par l’Hôpital Central de Yaoundé attestant que mlle Nyemb a fait une fausse couche le 26 03 2008-11-19

Me Zouga : Comme par hasard ! Mais votre Honneur soyons est-ce là une quelconque preuve de paternité de mon client y relative ?

Le Président : en effet Madame Dubuisson vous nous faites tourner en rond !


Le procureur : Sauf un que nous avons apporté la preuve qu’il y a bel et bien eu un rapport sexuel qui a contaminé sans doute aucun, selon nous, Mlle Nyemb et que d’ailleurs le prévenu a reconnu.

Le Président : Me Zouga les preuves du Ministère Public déterminent clairement l’élément métériel de l’infraction de votre client et sont de ce fait valables.

Me Zouga : Mais nous pouvons prouver le contraire votre Honneur !

Le président : Nous n’en disconvenons pas Maître, cependant permettez que le Ministère public termine l’audition du témoin.

Le procureur : Votre Honneur nous en avons terminé !

Le Président : Me Zouga avez-vous des questions ?

Me Zouga : non votre Honneur !

Le Président : Alors si le Ministère Public n’a plus de témoins nous pouvons entendre vos témoins Me Zouga.

Le Procureur : Le ministère public n’a plus de témoin

Le Président : Le témoin peut regagner sa place.

Me Zouga : votre honneur la défense appelle Mademoiselle Sylvie ATEUALEM

(Sylvie s’installe à la barre et prêt serment)

Me Zouga : Mademoiselle pouvez-vous préciser votre identité à la Cour ?

Sylvie : Je suis Sylvie ATEUALEM étudiante en Sciences économiques à l’université de NGOA EKELLE Yaoundé 1.

Me Zouga : Précisez également la nature de vos relations avec votre amie mademoiselle Nyemb.

Sylvie : Sylvie n’est pas vraiment mon amie, c’est juste que nous travaillions ensemble à l’hôtel FARADAY.

Me Zouga : Quelles fonctions exercez-vous à cet hôtel ?

Sylvie : la même qu’Anne Christelle. Nous nous occupons de la clientèle lorsqu’elle sollicite nos services.

Me Zouga : Veuillez je vous prie nous expliquer cela. Vous vous occupez de la clientèle dites-vous !

Sylvie : C’est pourtant sorcier ! Quand un client de l’hôtel veut passer du bon temps on fait appel a nous selon leurs goûts et leurs choix.

Me Zouga : Et comment sait-on leurs goûts et leurs choix ?

Sylvie : les filles déposent à l’hôtel leur CV et une photo ainsi qu’un numéro ou les joindre. Les clients consultent la carte des filles mise à leur disposition et n’ont plus qu’à choisir avec qui ils veulent passer la nuit ou leur séjour.

Me Zouga : Anne Christelle y a-t-elle aussi son CV.

Sylvie : oui c’est une nouvelle dans la maison.

Me Zouga : y est-elle régulière ?

Sylvie : pas du tout. Elle trop prise par ses études. Elle y vient seulement quand elle a des problèmes d’argent.

Me Zouga : cette activité vous rapporte combien en général ?


Sylvie : vingt cinq mille la soirée. Mais il arrive qu’on gagne plus ça dépend de ce que le client desire, s’il veut juste un strict tease ou alors le menu spécial, par exemple s’il veut…

Me Zouga : gardez-nous des détails je vous prie.

Me Zouga : vous disiez tout à l’heure que mademoiselle Nyemb venait travailler à l’hôtel quand elle avait des problèmes d’argent !

Sylvie : Oui un peu comme la dernière fois ou elle a voulu que je la dépanne

Me Zouga : précisez-nous de quelle manière vous deviez la dépanner.

Sylvie : Elle m’a dit qu’elle avait de gros problèmes d’argent parce que son père avait eu vent de ses activités par un de ses amis et qu’elle n’avait plus de quoi payer son loyer et s’occuper d’elle. Je lui propose de me remplacer une nuit.

Me Zouga : dites-nous en davantage !

Sylvie : j’ai un client qui apprécie beaucoup mon savoir faire et il ne fait appel qu’a moi parce que je suis l’une des rares filles qui accepte des rapports sans condom. Alors le 31 décembre dernier il était de passage à Yaoundé et voulait s’offrir mes services. J’ai passe mon tour a Anne Christelle et le client n’y a trouve aucun inconvénient.

Me Zouga : travaillez-vous encore pour l’hôtel FARADAY ?

Sylvie : Non je n’y travaille plus

Me Zouga : Pour quelle raison mademoiselle ?

Sylvie : Je suis séropositive et l’hôtel nous impose régulièrement des visites médicales, question d’assurer à sa clientèle des filles de bonne qualité.

Me Zouga : Est-ce a cause de vos activités a l’hôtel que vous étés séropositive ?

Le Procureur : Objection votre honneur ! On ne sait toujours pas ou veut en venir la défense. L’audition de mademoiselle ATEUALEM nous fait traîner dans les débats sans y apporter une nouvelle substance.

Le Président : ce n’est pas l’avis de la Cour. Objection rejetée ! Répondez à la question mademoiselle ATEUALEM

Sylvie : j’ai été contaminée par M. LAGARDE

Me Zouga : Veuillez préciser à la Cour qui est M. LAGARDE

Sylvie : C’est le client dont je parlais tout a l’heure.

Me Zouga : celui a qui vous aviez confie Mlle nyemb le 31 mars 2008, celui dont vous vous étiez la seule à vous occuper à l’hôtel ?


Sylvie : effectivement.

Me Zouga : Comment pouvez-vous être certaine que ce soit lui qui vous a contamine ?

Sylvie : C’est le seul avec qui j’entretenais des relations non protégées. Apres avoir découvert ma séropositivité j’ai tenu en lui en parler hors des heures de service. C’est au cours de notre discussion il a fini par m’avouer aussi qu’il était malade. Cependant a ma grande surprise il s’est propose de me prendre en charge.

Me Zouga : et pourquoi selon vous ?

Sylvie : je ne sais pas. Peut être qu’il avait des remords !

Me Zouga : en confiant mlle Nyemb à M. LAGARDE étiez-vous déjà au courant que celui était malade ?

Sylvie : Oui je le savais.

(Du bruit dans la salle)

Le Président (frappant sur la table) : Silence !

Me Zouga : Et pourquoi ne lui avoir rien dit ?

Anne Christelle (furieuse) : comment as-tu pu me faire ça ! Tu vas me le payer je te le jure.

Sylvie : doucement petite !

Le Président : mesdemoiselles veuillez vous calmez !

Sylvie : de toute façon je l’ai fait pour t’aider. T’avais qu’à prendre tes précautions. T’es une grande fille ma chérie. Quand on joue avec le feu on se brûle.

Me Zouga : Mlle ATEUALEM. Voyez-vous encore M. LAGARDE ?

Sylvie : Non. Ca fait un moment qu’il est allé rendre compte de ses actes de l’autre cote. Heureusement pour nous.

Me Zouga : Votre honneur voici un extrait du certificat de décès de monsieur LAGARDE établi le jour de son décès a l’hôpital General de Yaoundé ainsi qu’un extrait de son bilan de santé qui confirme la séropositivité de Monsieur LAGARDE avant son décès. Veuillez les faire enregistrer aux numéros 2 et 3 des pièces a conviction de la défense. La défense en a termine avec le témoin.
(Sylvie se lève pour retourner à sa place mais est interrompu par le Président)

Le Président : Ne quittez pas la barre mademoiselle, nous n’en avons pas encore termine avec vous. Le ministère public peut interroger le témoin.


Le Procureur : mademoiselle vous avez affirme que monsieur LAGARDE répugnait a l’utilisation du préservatif et que c’est justement la raison pour laquelle vous étiez sa préfère !

Sylvie : exactement c’est ce que j’ai dit.

Le Procureur : Devons-nous vous croire sur parole ? Au vu de vos déclarations ici on est bien en droit de douter de votre bonne moralité, vous avez quand même eu l’intention d’envoyer à la mort mademoiselle Nyemb que vous saviez pourtant en difficulté !

Sylvie : désolée mais si nous avions eu a tout enregistrer j’aurais certainement partage cette expérience avec vous.

Le Procureur : Alors vous conviendrez avec moi que rien ne nous convainc a prendre pour vrai vos déclarations. Vous nous avez fort bien démontré que vous êtes une excellente menteuse.

Sylvie : Une menteuse moi !

Le procureur : oui, une menteuse et même une manipulatrice !

Me Zouga : objection votre honneur ! Le ministère public tire encore des conclusions sans fondement !




Le Procureur : Mlle ATEUALEM a déjà fait l’objet d’une condamnation pour faux témoignage dans une affaire de viol devant le Tribunal de grande instance de Ndokoti à Douala, voici une copie de la décision qui avait été rendue à son encontre.


Me Zouga : Votre honneur ce jugement n’a aucune vocation à remettre en cause les déclarations de mon témoin.

Le procureur : Au contraire ! Il remet totalement en question sa crédibilité comme nous n’avons cessé d’ailleurs de le démontrer au cours de cette audience.

Le Président : Me Zouga ce nouvel élément crée quand même le doute quant à la bonne foi de votre témoin aussi bien que la crédibilité de son témoignage. Si le ministère Public en a terminé nous pouvons entendre le prochain témoin de lé défense.

Me Zouga : votre honneur la défense souhaite préciser que Mlle Nyemb a eu deux rapports dangereux à environ un mois d’intervalle, et qu’il serait difficile pour l’accusation de prouver que c’est mon client qui soit coupable d’avoir infecté la victime en premier. Puisqu’en l’occurrence celle-ci se plaint de ce que mon client lui a transmis singulièrement le VIH, ce qui est faux. Pour appuyer son propos la défense cite le Pr. NOAH OBAMA.

(Le Pr. s’installe à la barre et prête serment)

Me Zouga : Pr. Rappelez à la cour quelles sont vos compétences en la matière.

Pr. Noah : je suis Professeur en Virologie spécialiste en VIH, Expert en agréé en psycho pathologie

Me Zouga : Vous avez déjà pris connaissance de l’affaire, en votre qualité d’expert quelles conclusions pouvez-vous en tirer ?

Pr. NOAH : En effet, dans ce cas il est extrêmement difficile de se prononcer. Comme vous l’avez souligné, scientifiquement il est encore impossible de se prononcer dans les cas de ce genre afin de déterminer la chronologie des infections. La santé de mlle nyemb a pu aussi bien être corrompu que par M. Mbella que par M. LAGARDE. Tout n’est qu’une question de probabilité.

Me. ZOUGA : Donc on ne peut pas affirmer sans réserves que mon client est celui qui a le premier infecté la victime,

Pr. NOAh : Sauf si on possède des pouvoirs de on ne peut rien affirmer de tel. Trop de facteurs aléatoires entrent en cause pour que l’on se permette de trancher sur la question.

Me. ZOUGA : Je vous remercie Professeur.

Le Procureur : Pr. Puisque incertitude il y a, il est possible que monsieur Mbella ait contaminé Mlle Nyemb ?

Pr. NOAH : j’ai déjà répondu à cette question. L’un comme l’autre peut l’avoir contaminé, mais qui a été le premier je ne peux pas me prononcer, ni aucun autre d’ailleurs. C’est complètement impossible, nous nous attelons plutôt à trouver un vaccin qu’à chercher à résoudre ce type de problèmes qui ne sont que subsidiaires.

Le Procureur : Merci Pr. pour vos précisions. Votre Honneur dans l’affaire NKENG Boniface c/ Mlle Angèle MOUYEBE dont les faits sont similaires à notre affaire la Cour Suprême a rendu l’arrêt de principe dont on peut tirer la substance qu’en cas de transmission du VIH à une victime par plusieurs personnes dans un intervalle de temps ne permettant pas de déterminer qui des prévenus précède dans l’infraction, le juge ne doit se limiter qu’à condamner tous les coauteurs sans être tenu d’établir une chronologie dans la commission des infractions.

Le Président : Nous en avons pris note mlle DUBUISSON. Pr. Vous pouvez regagner votre place. Avant la clôture des débats mlle Dubuisson veuillez formuler vos réquisitions :

Le Procureur : Votre Honneur au regard des faits et des déclarations faites au cours de cette affaire, des preuves formelles que nous avons produites, il est désormais fort indiscutable que le prévenu, dont la bonne foi a pu être mise à l’épreuve à l’appui des preuves que le Ministère Public a produites, a eu l’intention volontaire de propager le VIH dans notre cité en usant de la manipulation, d’usage de faux,pour corrompre la victime Mlle Nyemb, nous requérons en vertu de la violation de l’art. 260 de notre code pénal, une peine privative de liberté de trois ans.


Me Zouga : Votre Honneur, mon client souffre d’une maladie que nombreux ont estimé être le fléau de ce siècle. Les jeunes en paient le prix fort et notre cité en prend un sérieux coup. Faut-il en vouloir à nos concitoyens qui en souffrent, quand ils décident de cacher à leurs pairs, leur famille, leurs amis, ce secret à cause duquel ils sont automatiquement mis à l’écart dans notre société. Cela a été le cas de M. Mbella.quand il s’est vu licencié de la société CASH &CARRY parce qu’il était séropositif. Justice lui avait été rendue et justice doit encore lui être rendue.
Les faits parlent d’eux-mêmes ! Mlle Nyemb que son entourage et surtout mon client croyaient être de bonnes moeurs s’est révélée n’être rien d’autre qu’une prostituée Se dissimulant brillamment derrière un commandement tant contesté de l’église Catholique qui interdit l’usage du préservatif à tous ses fidèles. Elle en a fait une arme redoutable et son secret elle l’a dissimulé à mon client mettant ainsi en danger sa vie déjà bien fragilisée par cette maladie dont on ignore encore si un jour on en trouvera le remède ! Alors si mauvaise foi il y a eu, votre Honneur, elle est partagée, et il serait injuste pour nous, pour ce tribunal et pour tout concitoyen de condamner ce jeune étudiant, doublement orphelin, victime de discrimination, pour un délit qu’il n’a pas commis.

Le président : l’audience est suspendue pour 10 minutes.


ACTE III


Le Président : Reprise de l'audience veuillez vous asseoir.

Que le prévenu veuille bien se lever

(Rodrigue s’exécute)

Vu les article 260 du code pénal camerounais,

Attendu que la défense a essayé tant bien que mal de démontrer l'innocence du prévenu.

Qu'il est impossible de déterminer avec exactitude si le prévenue est bel et bien la personne ayant contaminé la victime,
Qu'il est possible que la victime elle-même, fort de ses multiples aventures a bien bu elle aussi mettre en danger la vie du prévenu bien avant le rapport sexuel incriminé ici,
Que même dans l'hypothèse que le prévenu soit l'auteur de la transmission à la victime du VIH SIDA, celui l'a fait en méconnaissance de son statut sérologique et partant, n'aurait pu intentionnellement mettre la vie de la victime en danger par transmission de ladite maladie.
Mais attendu que le VIH SIDA est fléau qui intepelle plus que jamais chaque citoyen, que dans la lutte contre ce fléau, la République n'a de cesse d'informer les citoyens sur la nécessité de faire des dépistages et de protéger tout rapport sexuel par les voies et moyens indiqués,

Que le fait d'avoir un rapport sexuel non protégé alors qu'on est dans l'ignorance de son statut sérologique constitue une mise en danger de la vie d'autrui par négligence ou par imprudence qui doit être punie,

Mais attendu que selon les rapports d'expertise produits à l'audience, il est impossible de savoir avec exactitude si le prévenu est bel et bien la personne ayant véritablement contaminé la victime, celle-ci ayant eu avant le rapport incriminé ici, de nombreuses relations non protégées, qui plus est auraient mis aussi en danger la vie du prévenu, qu'il existe un doute sur la culpabilité de ce dernier.

Par ces motifs:

Le Tribunal,
statuant publiquement et contradictoirement à l'égard de toutes les parties, en matière correctionnelle et en premier ressort, déclare le prévenu, Monsieur Rodrigue Mbella, innocent pour le chef d’accusation retenu contre lui.

Les parties ont dix jours pour faire appel de la décision.
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