Il se cabre, au printemps, tel l’animal sauvage,
saute comme un cabri à la moindre émotion,
grain qui germe, hésitant entre lumière, ombrage.
Ne se reconnaît plus, mon cœur, est hors saison…
Il produit, en été, de l’herbe douce-amère,
offre à manger son fruit, là, acre aux effusions,
brûlé d’avant cueillir, pépin stérile en terre.
Ne sait pas se donner, mon cœur, est hors saison…
L’automne, il se languit, se souvient des attentes,
en la mélancolie de ses hésitations,
de décliner, chuter ou de passer la sente :
Ne trouve pas la paix, mon cœur, est hors saison…
Il s’enferme en hiver, iglou sur la banquise,
et son antre glacé, radeau en perdition,
entre longues soirées et jours fouettés de bise.
Ne veut pas repartir, mon cœur, est hors saison…
Sur la pointe des pieds, existence cyclique,
je traverse les ans, leurs lots de dépressions,
baluchon en partance, avec, comme relique,
des mots d’enfant perdu à mon cœur hors saison…
Aimer, comme Phénix renaissant de ses cendres ?
Mais que veut dire ‘aimer’ ? Je connais l’abandon,
la solitude aussi… Que me faut-il attendre
de l’invalidité de mon cœur hors saison ?
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