J’entre à l’exposition, le regard quémandeur,
à l’affût d’un clin d’œil ou autre accroche-cœur,
d’un tableau, paysage : 'A mains nues', c’est le thème,
sujet du vernissage, un possible poème…
M’interpelle un visage, engageant, bienveillant,
timide et malicieux, sourire d’un enfant…
-"Vous, vous en souvient-il ? Nous fûmes bien commères
sur l’art…Vous m’invitâtes… Oui, je suis l’infirmière !"
(Pour sûr, je m’en souviens ! J’aime jouer ce jeu
de partage, passion, quand le cœur est curieux
de l’inconnu, du beau, quand se révèle l’âme
avide de grands cieux, survenance de flammes…)
- "Mais oui… Je suis curieuse, oui, votre profession ?
Quel rapport avec l’art ? Pour quelle vocation ? "
Elle hésite… (Je traduis) – "Pour rencontrer le monde,
le voir de plus près tout cet humain, à la ronde :
Là, la femme, l’enfant, l’homme, à égalité ;
Là, le cœur et l’esprit, la chair, et le toucher,
la vue, l’ouïe, l’odeur, jusqu’au goûtu de l’être,
se croisent, s’interrogent, au-delà du paraître…"
-" Mais qui, mais qui, encor ? – "Là, le jeune et le vieux,
riche ou pauvre, petit ou trop grand, l’entre-deux,
se disent, se côtoient, se retiennent, se livrent,
pour saluer un temps, ou pour simplement vivre…"
- "Mais quoi, enfin, pourquoi ? – "Là, le sage et le fou,
le vide et le trop plein, corps à vif, peu ou prou :
J’ai choisi ce métier, ce miroir de tout contre
l’humain… peut-être… pour aller à ma rencontre…"
…'A mains nues', mains tendues, ouvertes vers le ciel,
mains à portées de fruits pour quelques grains de miel,
mains en coupes à boire, aux entrelacs de lignes,
traces des tant passés pour des futurs, des signes…
'A mains nues', la rencontre, et sans masque, sans fard,
pour toucher l’innocence, émergence de l’art,
de dieu, de nouveau-né, pour un serrer de pince,
pour souhaiter "bonjour" à quelque petit prince…
… 'A mains nues', s’arrêter, l’espace d’un instant
suspendu, éternel, un fou rire d’enfant,
dire "merci" à l’autre, et sans plus de manières…
C’est bien beau ce métier que celui d’infirmière !